Le timing du dépistage pour une infection à la Covid-19 peut influencer le résultat, et ce même si le patient est contaminé. “Le virus ne se trouve pas dans le nez tout au long des différentes phases de la maladie, développait récemment sur France Bleu le professeur Vincent Thibault, chef de service du laboratoire de virologie au CHU de Rennes. Sur 100 patients testés négatifs, il est probable que 30 % d’entre eux soient infectés par le virus. Cela ne veut pas dire que le test n’est pas bon mais que nous cherchons le virus au mauvais endroit, là où il n’est pas à toutes les phases de la maladie.”
67% de faux négatifs dans les quatre jours après l’infection
Des chercheurs américains de l’université de John Hopkins ont confirmé que si le test de dépistage est réalisé trop tôt au cours de l’infection, le résultat peut présenter un faux négatif, c’est-à-dire qu’il affichera négatif alors que le patient est porteur du virus. “Un test négatif, qu'une personne présente ou non des symptômes, ne garantit pas qu'elle n'est pas infectée par le virus, poursuit Lauren Kucirka, obstétricienne et gynécologue à l’université Johns Hopkins. La façon dont nous réagissons à un test négatif et l’interprétons est très important, car nous mettons les autres en danger lorsque nous supposons que le test est parfait. Cependant, les personnes infectées par le virus sont toujours capables de propager le virus.” Les résultats de l’étude ont été publiés dans les Annals of Internal Medicine.
Les chercheurs ont estimé que les personnes testées avec le SARS-CoV-2 dans les quatre jours suivant l'infection sont 67% plus susceptibles de présenter un test négatif, même s'ils avaient le virus. Lorsque le patient moyen a commencé à présenter des symptômes du virus, le taux de faux négatifs est de 38%. Le test a donné les meilleurs résultats huit jours après l'infection (en moyenne, trois jours après l'apparition des symptômes), mais même à ce moment-là, le taux de faux négatifs reste élevé et affiche 20%, ce qui signifie qu'une personne sur cinq qui avait le virus avait un résultat de test négatif. “Nous utilisons ces tests pour exclure la Covid-19 et baser nos décisions sur les mesures que nous prenons pour empêcher la transmission, comme la sélection d'équipements de protection individuelle pour les travailleurs de la santé, décrit Laurent Kucirka. Alors que nous développons des stratégies pour rouvrir des services, des entreprises et d'autres sites qui dépendent des tests et du suivi des contacts, il est important de comprendre les limites de ces tests.”
Le test PCR en question
Pour cette étude, les chercheurs ont examiné les données des tests PCR de sept études antérieures, dont deux prépublications et cinq articles évalués par des pairs. Les études ont couvert un total combiné de 1 330 échantillons de tampons respiratoires provenant de divers sujets, y compris des patients hospitalisés et ceux identifiés par la recherche des contacts en ambulatoire. En utilisant les résultats des tests PCR et, soit le temps d'exposition au virus soit le début d'apparition de symptômes, les chercheurs ont calculé la probabilité qu'une personne infectée par le SARS-CoV-2 ait un résultat négatif.
L’incertitude quant aux résultats des tests doit amener à traiter les patients exposés à un risque élevé de contamination comme s'ils étaient infectés, en particulier s'ils présentent des symptômes compatibles avec la Covid-19, affirment les chercheurs. L'un des principaux tests, le test de biologie moléculaire dit PCR qui consiste à réaliser un prélèvement naso-pharyngé avec un écouvillon inséré dans le nez, détecte le matériel génétique du virus. Le problème de ce test est que si un écouvillon manque de collecter les cellules infectées par le virus, ou si les niveaux de virus sont très bas au début de l'infection, les résultats peuvent apparaître négatifs. Étant donné que les tests donnent des résultats relativement rapides, ils ont été largement utilisés parmi les populations à haut risque telles que les résidents des maisons de soins infirmiers, les patients hospitalisés et les travailleurs de la santé et des études antérieures ont montré ou suggéré de faux négatifs dans ces populations.