L'engouement aura été de courte durée : autorisées sur le marché américain en urgence le 28 mars pour traiter les symptômes de la Covid-19, l’hydroxychloroquine et la chloroquine ne sont plus recommandées. La FDA, l’agence américaine du médicament, a révoqué leur autorisation d'utilisation en urgence le 15 juin, évoquant une probable inefficacité et même un risque élevé pour la santé cardiovasculaire dans certains cas.
Les bénéfices ne l'emportent pas sur les risques
“Ce n’est plus raisonnable de croire que l’hydroxychloroquine et la chloroquine soient efficaces dans le traitement de la Covid 19, écrit la FDA dans un communiqué. De plus, au vu des effets cardiovasculaires indésirables graves et des autres effets secondaires possibles, les avantages de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine ne l'emportent plus sur les risques connus et potentiels.”
Cette décision fait suite aux résultats d'un vaste essai clinique randomisé chez des patients hospitalisés, lesquels étaient justement concernés par cette autorisation en urgence, qui n'a montré “aucun avantage sur la mortalité ou l'accélération du rétablissement”. Plus de 400 rapports d’effets secondaires indésirables sont parvenus à la FDA, parmi lesquels une centaine concernait des complications cardiaques graves, dont 25 ont entraîné la mort.
“Bien que des essais cliniques supplémentaires continuent d'évaluer les avantages potentiels de ces médicaments dans le traitement ou la prévention de la Covid-19, nous avons déterminé que l'autorisation d'utilisation d'urgence n'était plus appropriée”, conclut l'agence du médicament, rappelant que ces molécules conservent leur autorisation de mise sur le marché pour traiter le paludisme, le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.
Donald Trump, grand promoteur de la chloroquine
La FDA va donc à l'encontre des espoirs de Donald Trump, grand promoteur de la chloroquine depuis le début de la crise sanitaire, qui avait récemment annoncé qu'il en prenait lui-même quotidiennement à titre préventif. “Il y a de bonnes chances que le traitement puisse avoir un énorme influence. Ce serait un don du ciel”, a-t-il déclaré en mai alors que la FDA avait alerté fin avril que rien ne prouvait que cette molécule soit “sûre ou efficace pour le traitement et pour la prévention de la Covid-19” et qu'elle pouvait engendrer “de sérieux problèmes de rythme cardiaque” ainsi qu’un “risque de tachycardie ventriculaire”.
Cet antipaludique suscite toujours le débat au sein de la communauté scientifique suite aux déclarations du professeur Didier Raoult, qui estimait au début de la pandémie qu'il était efficace dans le traitement d'une infection Covid. De nombreuses études ont donc été menées sur la présumée efficacité de l’hydroxychloroquine, mais aucune n'a pu conclure positivement. En revanche, les données scientifiques sont claires : prendre cette molécule pourrait engendrer des effets secondaires néfastes.