La journée du mardi 16 juin a été marquée par une vague de manifestations à travers le pays du personne hospitalier pour dénoncer les manques de moyens, en plein “Ségur de la santé ”. Lancé le 25 mai dernier, cette concertation nationale doit aboutir à un plan pour les hôpitaux courant juillet et vise, notamment, à réfléchir sur comment améliorer les conditions de travail des soignants, leur rémunération et mieux prendre en charge les malades. Dans ce contexte, et à l’appel d’une coalition de syndicats et de collectifs hospitaliers, de nombreux soignants sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement et leurs envies de changement.
Une suroccupation des services psychiatriques
Un rapport annuel d’activité, publié le 3 juin dernier, a pointé du doigt les dysfonctionnements de ce secteur. Ce rapport est réalisé par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) après plusieurs visites dans différents établissements de santé. L’un des principaux points de dysfonctionnement concerne la suroccupation constante des services psychiatriques alors que 31 603 lits ont été supprimés en service psychiatrique entre 1993 et 2018. Selon Eurostat, la France a perdu un peu plus de 7 lits de psychiatrie pour 100 000 habitants entre 2006 et 2017, passant de 91,44 lits à 83,77. “Il est fréquent que les structures permettant d'accueillir des patients à leur sortie d'hôpital soient insuffisantes, note le CGLPL. Cette situation est à l'origine du maintien à l'hôpital de patients qui pourraient sortir mais qui, faute de solution d'hébergement, demeurent à l’hôpital.”
Ce rapport a également mis en lumière le manque de personnel soignant compétent et le manque de disponibilité pour les patients. Un double manquement qui conduit à une dégradation des soins. “Dans certains cas il s'agit simplement de montrer des uniformes pour ‘calmer’ un patient, dans un autre cas au moins les gendarmes ont indiqué qu'il leur arrivait de participer physiquement à la mise à l'isolement de patients alors qu'ils n'ont reçu ni formation ni sensibilisation sur la psychiatrie”, note le rapport.
Le confinement a aggravé la situation
Le confinement et l’épidémie de coronavirus qui a touché le territoire n’a pas aggravé la crise des services psychiatriques. Dans un courrier en date du 27 mars, Adeline Hazan, actuelle CGLPL, a alerté contre la relégation au second plan de ces services au moment d’affronter la crise sanitaire. “Les agences régionales de santé ont indiqué que la psychiatrie n'était pas prioritaire dans la distribution du matériel de protection (…) alors que certains publics suivis par les services de psychiatrie présentent des facteurs de risque à la maladie (anorexie, affections chroniques, etc.) ou des contre-indications et interactions à certains médicaments.”
Le déconfinement n’a pas permis de calmer la situation, au contraire. “Depuis la fin du confinement, il y a une augmentation des urgences et des admissions, indique à La Croix le docteur Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, et membre du collectif Inter-Hôpitaux. Le confinement a été un facteur de stress et d’anxiété important, certains malades chroniques ont arrêté de prendre leur traitement et les suivis n’ont pas pu avoir lieu.”