- Une femme sur 5 ayant fait une fausse-couche ou ayant des problèmes de fertilité souffriraient d'un léger dysfonctionnement thyroïdien
- Les femmes ayant un IMC élevé seraient plus à risque
- Le traitement de ces anomalies thyroïdiennes pourrait peut-être améliorer les résultats d'une grossesse
Fréquentes chez les femmes en âge de procréer, les anomalies thyroïdiennes affectent jusqu'à une femme sur 5 ayant fait une fausse-couche ou rencontrant des problèmes de fertilité, selon une récente étude publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. Jusqu'à présent, nous savions que l'équilibre thyroïdien d'une femme enceinte est souvent bousculé par les changements hormonaux induits par la grossesse, mais nous n'avions que peu d'informations sur la prévalence de ces troubles avant la grossesse.
Les cas de 19 000 femmes étudiés
Des chercheurs de l'université de Birmingham (Royaume-Uni), ont mené une étude auprès de 49 hôpitaux britanniques pendant 5 ans, étudiant ainsi les cas de 19 000 femmes âgées de 16 à 41 ans. Toutes avaient soit fait une fausse-couche, soit des problèmes de fertilité. En analysant leurs résultats médicaux, les chercheurs ont découvert que jusqu'à une femme dans ces deux cas de figure sur 5 souffrait d'un léger dysfonctionnement thyroïdien, en particulier celles dont l'IMC était élevé et celles qui avaient des origines asiatiques. Le développement d'une maladie thyroïdienne restait néanmoins rare.
“Il est important de déterminer si le traitement de ces légères anomalies thyroïdiennes peut améliorer les résultats d'une grossesse, étant donné la proportion élevée de femmes qui pourraient être potentiellement affectées”, conclut Rima Dhillon-Smith, professeure à l'université de Birmingham. D'autres études sont nécessaires pour cela, mais ces résultats constituent une avancée majeure dans le domaine obstétrique et gynécologique.
Les causes de la fausse couche
Chaque année, près de 20 000 femmes font une fausse-couche en France, c'est-à-dire qu'elles sont victimes d'une interruption spontanée de grossesse au cours des 5 premiers mois de gestation. Les fausses couches survenant entre 14 et 22 semaines d’aménorrhée sont plus rares (moins de 1 % des grossesses).
Dans la majorité des cas, la fausse-couche est due à une anomalie génétique de l'embryon, mais certaines maladies de la mère peuvent en être à l'origine comme la maladie coeliaque, un diabète mal contrôlé, des troubles hormonaux, des problèmes gynécologiques, une maladie auto-immune ou encore thyroïdienne. Le risque de fausse-couche peut également être accentué par la prise d'aspirine ou d'anti-inflammatoires non stéroïdiens.
En 2017, des chercheurs avançaient que le stress pouvait augmenter le risque de fausse couche de 42%. “Alors que les anomalies chromosomiques sous-tendent de nombreux cas d'interruption spontanée de grossesse, les résultats de notre méta-analyse soutiennent l’idée qu'un haut niveau de stress psychologique avant et pendant la grossesse est également associé à un risque de fausse couche”, écrivaient-ils.
En 2019, une autre étude menée par des chercheurs de l’Institut norvégien de santé publique, a démontré que le risque de fausse couche spontanée était le plus faible chez les femmes de 25 à 29 ans (10%) et augmente rapidement après 30 ans, atteignant 53% chez les femmes de 45 ans et plus. De même, selon eux, après l’arrêt spontané d’une grossesse, le risque d'une autre fausse couche augmente de moitié et double après deux fausses couches. Il est jusqu’à quatre fois plus élevé après trois fausses couches consécutives.