Il a été prouvé à maintes reprises que fumer du cannabis pouvait être mauvais pour la santé. Consommé même de façon occasionnelle, il augmenterait le risque de complications de la Covid, tandis qu’à haute dose, il favoriserait le cancer du testicule, la dépression, les altérations cognitives et serait en outre néfaste pour la fertilité. Toutefois, en contrepartie, le cannabis est de plus en plus utilisé à travers le monde à visée thérapeutique. Prescrit médicalement, il aiderait à soulager les douleurs liées au cancer et à l’arthrose et plusieurs chercheurs travaillent actuellement à élaborer des médicaments à base de cette plante pour traiter Parkinson ou combattre l’antibiorésistance. Qui plus est, d’après une nouvelle étude américaine parue dans le Journal of Affective Disorders, le cannabis médical serait également positif pour les personnes atteintes d’état de stress post-traumatique (ESTP).
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’université de Washington (Etats-Unis) ont suivi plus de 400 personnes atteintes de ce trouble. Ils ont demandé aux participants de télécharger une application via laquelle ils ont décrit les manifestations de leur syndrome avant et après avoir consommé du cannabis thérapeutique. Résultats des observations : après consommation, la sévérité des pensées intrusives liées au traumatisme a été réduite de 62%, les flashbacks de 51%, l’irritabilité de 67% et l’anxiété de 57%. “Tous les symptômes ont été réduits de plus de 50 % immédiatement après la consommation de cannabis”, se félicitent donc les auteurs dans leur papier.
“Il se peut que cela ne soit pas un remède efficace à long terme”
Cette étude présente toutefois quelques limites. En effet, les patients se sont eux-mêmes diagnostiqués comme souffrants de SPT. Qui plus est, il n’y avait pas de groupe placébo et les effets bénéfiques ne duraient pas dans le temps. “Il se peut qu'il ne soit pas un remède efficace à long terme, car les symptômes de base se sont maintenus au fil du temps et la dose utilisée pour l'anxiété a augmenté avec le temps, ce qui est révélateur du développement de la tolérance”, notent ainsi les chercheurs du papier.
“Il semble que le cannabis masque temporairement les symptômes, agissant comme un pansement, mais une fois la période d’intoxication terminée, les symptômes peuvent réapparaître, commente Carrie Cutler, qui a dirigé l’étude. Nous avons besoin de plus recherches étudiant les effets de la plante dans son ensemble car c’est surtout ce que les gens fument et pas seulement les cannabinoïdes synthétiques. C’est difficile de mettre en place un bon groupe de contrôle placebo avec la plante entière mais nous devons le faire”, conclut-elle.
Qu'est-ce que l'état de stress post-traumatique ?
En France, l’expérimentation de l’usage médical du cannabis initialement prévue en septembre 2021 a été reportée “au plus tard” en janvier 2021 en raison de la crise du coronavirus, a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué paru le 3 juin. Cet essai, décidé un an après que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donné son feu vert à l’usage du cannabis à visée thérapeutique, devrait durer deux ans. Seront inclus quelque 3 000 patients souffrant de certaines formes d’épilepsie, de sclérose en plaques, de douleurs neuropathiques ou encore d’effets secondaires de chimiothérapie.
L’état de stress post-traumatique, connu depuis l’Antiquité, se manifeste chez des personnes ayant vécu une situation durant laquelle leur intégrité physique ou psychologique ou celle de leur entourage a été menacée ou atteinte. Les patients rapportent des cauchemars, des flashbacks d'événements traumatiques, de l'anxiété, de la peur et de l'hyper-vigilance. Ils évoquent également un engourdissement émotionnel, de la colère et un comportement violent, ainsi que l'abus de drogues et d'alcool. Cette tristesse permanente et le développement de troubles addictifs finit souvent par avoir une influence négative sur la vie quotidienne et sur leur rapport aux autres.
Non prise en charge efficacement, cette maladie chronique peut durer toute une vie. Fort heureusement, il existe des soins psychiatriques adaptés. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) ainsi que la désensibilisation par des mouvements oculaires (EMDR) ou l’hypnose ont notamment fait leurs preuves en la matière. Outre l’aide médicale, le soutien de l’environnement, familial et professionnel, est primordial pour aider le malade à remonter la pente.