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Enseignement supérieur

Examens en ligne : le casse-tête des étudiants

Bien qu'ils soient considérés comme "assez complexes à organiser", les examens en ligne font partie des solutions envisagées par les universités et les écoles pour évaluer les étudiants. Des épreuves qui posent la question de la fracture numérique. Et celle de la triche !

Examens en ligne : le casse-tête des étudiants Prostock-Studio/iStock




Si le retour en classe est obligatoire dès le 22 juin pour les élèves de primaire et de collège, les lycéens et les étudiants ne sont pas concernés par cette mesure. Ils étaient même les grands absents des annonces du déconfinement du 14 juin. La règle semble donc être la même que celle annoncée le 13 avril pour les étudiants de l'enseignement supérieur, lorsqu'Emmanuel Macron avait déclaré que "les cours ne reprendront pas physiquement jusqu'à l'été", comme le rapporte L'Étudiant dans un article publié à la fin du mois d'avril. 

"Le gouvernement précisera pour chacun la bonne organisation qui sera nécessaire, en particulier pour les examens et les concours", avait promis le chef de l'État. Interrogé par nos confrères, Gilles Roussel, le président de la Conférence des présidents d’université (CPU), estimait alors que la majorité des universités se reporteraient sur le contrôle continu ou un devoir de remplacement. "Les examens en ligne sont quant à eux assez complexes à organiser", soulignait L'Étudiant

"Réduire autant que possible le recours aux épreuves en présentiel"

Contacté par Le HuffPost au début du mois d'avril, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche de l'innovation, avait indiqué ne pas donner de consignes à l'échelle nationale. En revanche, le 22 avril, il a publié une série de recommandations visant à organiser les examens "dans le respect de l'autonomie des établissements". Il est notamment conseillé "de réduire autant que possible le recours aux épreuves en présentiel en simplifiant les modalités d'examens et de concours".

Ainsi, l'organisation d'épreuves orales est contre-indiquée, mais le contrôle continu et les travaux à domicile sont encouragés, "tout en veillant scrupuleusement à trouver des solutions aux difficultés que pourraient rencontrer certains étudiants, notamment isolés, dans une situation sociale difficile ou dépourvus de moyens informatiques". Car les examens en ligne posent problème : avec la fracture numérique, tous les étudiants ne bénéficient pas des mêmes ressources informatiques, ni du même accès à Internet. Autre point noir : le stress lié à l'incertitude des dates et des modalités des examens, ou encore aux aléas de l'organisation.

"L'épreuve pratique a été remplacée par un quizz, auquel tout le monde a eu 3" 

Anna, étudiante en première année d'école d'ingénieurs à La Défense, y a été confrontée. Très peu de temps après le début du confinement, elle a su que ses examens de fin d'année allaient se dérouler à distance. "Comme les cours en ligne se passaient bien, les professeurs nous ont prévenus que nos examens auront lieu comme prévu initialement, du 18 au 20 mai, mais que nous les ferions en ligne", indique la jeune femme de 19 ans. Néanmoins, il a fallu attendre la veille des épreuves pour que l'établissement communique les modalités aux étudiants. "Je pense qu'il y a eu quelques problèmes au niveau de l'organisation", confie Anna. 

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, pas de QCM sur ordinateur : les étudiants devaient réaliser leur sujet sur une feuille, comme s'ils étaient à l'école. Seule une matière, systèmes électroniques et informatiques, a dû être organisée différemment. "Normalement, on doit faire une épreuve pratique en face du professeur, présente Anna. Elle a été remplacée par un quizz, auquel tout le monde a eu 3 car la matière ne se prête vraiment pas à ce format. Au final, l'école a dû rehausser les notes".

Un groupe de conversation Discord pour tricher lors des épreuves

Quelles que soient les matières, les étudiants disposaient d'un temps supplémentaire pour scanner leur examen et l'envoyer sur une plateforme prévue à cet effet. "Ça a donné lieu a beaucoup de triche", indique la jeune femme. Tous les étudiants de première année ont ainsi été pénalisés, même ceux qui n'étaient pas concernés. "À la base, on aurait dû avoir les mêmes barèmes qu'au premier semestre, mais l'école les a réajustés à cause de la triche", soupire Anna.

Des étudiants s'étaient organisés pour s'envoyer les réponses aux examens pendant les épreuves sur un groupe de conversation Discord, dont l'existence a été rapportée à la direction par l'un des participants. Pour la jeune femme, les conséquences se sont révélées lourdes. "Avant le confinement, on avait eu un petit examen en espaces vectoriels qui devait compter pour 25% de la note finale, raconte Anna. J'étais malade, donc je ne l'avais pas du tout réussi, mais j'avais prévu de me rattraper sur le prochain test, qui représentait aussi 25% de la moyenne, puis sur l'examen de fin d'année, qui comptait pour les derniers 50%".

"Ça m'a gâché le semestre"

Finalement, le second test a été annulé en raison du confinement, et le barème du premier a été monté à 60% de la moyenne finale pour compenser les bonnes notes obtenues lors du dernier examen. "La triche a changé les notes de tout le monde et ça m'a gâché le semestre : c'est en partie à cause de ça que j'ai dû participer aux rattrapages", regrette la jeune femme. Au final, 180 des 400 étudiants de première année se sont retrouvés dans le même cas qu'Anna. 

Une situation qui aurait pu être évitée par l'école : comme le rappelle Vie-publique, les établissements peuvent avoir recours à la télésurveillance durant les épreuves à distance pour s'assurer que les étudiants ne trichent pas. "Ces moyens peuvent être très divers : vidéo continue, prises de photographies aléatoires, algorithmes de détection de la fraude, contrôle à distance de l’ordinateur de l’étudiant…", énumère le site. Une condition cependant : se conformer au règlement général sur la protection des données (RGPD).

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