Détourner l’attention du virus pour éviter une infection : des chercheurs de l’université de Boston (Etats-Unis) sont parvenus à utiliser cette méthode pour la Covid-19. Dans Nano Letters, ils expliquent comment ils ont réussi à piéger le nouveau coronavirus. “J’étais sceptique au début car cela semblait être trop beau pour être vrai”, raconte Anna Honko, l’une des autrices de la recherche. Elle confie avoir été ébahie par les résultats.
Des nano-éponges, mille fois moins larges qu’un cheveu
Les chercheurs ont fabriqué des petites gouttes de polymère, recouvertes d’une membrane composée de cellules pulmonaires et immunitaires. “Cela ressemble à une nanoparticule emmitouflée dans des bouts de membranes cellulaires”, précise la chercheuse. “Ce sont des petits bouts de plastique, qui contiennent uniquement les parties extérieures d’une cellule, complète Anthony Griffiths, co-auteur de l’étude. Cela permet d’emprisonner le virus comme dans une éponge.” Chacune de ces nano-éponges est mille fois moins large qu’un cheveu humain. “Notre hypothèse est que cela agit comme un leurre”, ajoute Anthony Griffiths.
Une double action
Dans une expérience, Anna Honko a mélangé ces “fausses” cellules avec des cellules pulmonaires et avec SARS-CoV-2 pour observer les résultats. Les nano-éponges sont plus attirantes pour le virus que les cellules pulmonaires. Ensuite, lorsqu’il est piégé dans cette cellule artificielle, le virus meurt. Ce système permet d’empêcher SARS-CoV-2 d’attaquer les cellules et de se dupliquer dans l’organisme.
Anna Honko voit un deuxième intérêt à l’usage de ce dispositif : il permettrait de diminuer la réponse inflammatoire face au virus. L’inflammation dans les poumons est l’une des conséquences graves de la Covid-19, or les nano-éponges permettent d’attirer les cellules inflammatoires et de préserver le système immunitaire.
Un traitement adapté à l’humain ?
Pour l'heure, les essais ont été menés dans un laboratoire, avec des cellules de culture, mais les chercheurs supposent que cela pourrait fonctionner dans le corps humain. Le système immunitaire serait ensuite capable d’éliminer naturellement les nano-éponges.
L’équipe de recherche va mener d’autres expériences sur des animaux avant de pouvoir faire des essais sur l'Homme. Les scientifiques songent déjà à la forme que pourrait prendre ce traitement. “Nous devrions pouvoir le déposer directement dans le nez, précise Anthony Griffiths, cela pourrait ressembler à un spray nasal.” Sa collègue évoque une méthode d’administration sûre et efficace. “Si vous voulez traiter des patients qui sont intubés, vous pouvez ainsi agir directement sur les poumons.” Les deux chercheurs s’intéressent aussi aux autres maladies qui pourraient être soignées avec cette méthode comme Ebola par exemple. “Je suis curieuse de savoir jusqu’où nous pourrons pousser cette technologie”, conclut Anna Honko.