Attention : déferlement de vélos ! La Covid-19 semble avoir provoqué un engouement inédit en France pour la Petite Reine. Transport de plein air et permettant de garder ses distances, de plus en plus de français optent pour ce mode de transport. Même si sa pratique était déjà en constante croissance ces dernières années, elle connaît un succès historique depuis les premiers jours du déconfinement jusqu'à aujourd'hui. Dans son 3e bulletin de mesure de la fréquentation du vélo du 17 juin, Vélo & territoires - réseau de collectivités territoriales pour le développement de la bicyclette - observe une tendance... exponentielle.
Ainsi le décompte de passage à vélo partout en France au premier semestre 2020 est presque aussi bon (-9%) que celui de l'année dernière. Un exploit puisque l'année 2019 était historique et que le nombre de passage à vélo a lourdement chuté de 72 % lors des deux mois de confinement. L'année 2020 devrait être un excellent cru pour les cyclistes si aucun nouveau confinement n'est décrété. La fréquentation élevée des pistes cyclable en début d'année en partie provoquée par la grève massive dans les transports en commun de décembre est renforcée par un effet de 'rattrapage' remarquable depuis le 11 mai. La fréquentation moyenne journalière a été doublée par rapport à la même période en 2019. Elle passe de 305 vélos/jours en moyenne à plus de 600 depuis le déconfinement.
Politique vélo saluée
Le vélo, grand gagnant du déconfinement ? Il semble bien. Ces chiffres ne tombent pas du ciel et sont le résultat d'un "alignement des étoiles historique" des évolutions de mentalité et des politiques publiques pro-vélo selon la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB). Pour elle, ce premier mois de déconfinement "a fait gagner au moins 5 ans de politique vélo". "Contrairement aux idées reçues, les Pays-Bas n'ont misé sur le vélo que suite au choc pétrolier de 1973, assure Olivier Schneider, président de la FUB. De même Copenhague n'a pédalé que suite à la crise économique consécutive au second choc pétrolier, prenant acte du fait que son plan autoroutier était obsolète, et que développer le vélo était plus rapide, et moins cher que les transports en commun."
La France en tête
Pour fuir la densité des transports en commun qui favorise la circulation du virus, beaucoup de Français ont opté pour le vélo. Ainsi entre le 11 mai et le 14 juin, ils ont utilisé 150 000 chèques "coup de pouce réparation" proposé par le gouvernement. Un succès qui a notamment poussé le gouvernement à tripler son fond vélo au début du déconfinement. Des subvention de formation de 'remise en selle', aide à l'achat d'un vélo électrique, formation de réparateurs de vélo ainsi qu'un soutien massif auprès des collectivités pour acquérir des infrastructures vélos et pistes cyclables ont attiré l’œil au niveau européen.
Selon la Fédération européenne des cyclistes (ECF), la France est aujourd'hui le pays européen leader dans le développement post-Covid du vélo en Europe. Cette organisation estime que son budget en faveur de la bicyclette s'élève à plus de 320 millions d'euros soit un montant similaire à celui du Royaume-Uni et bien plus supérieur aux autres pays. Pourtant, ils assurent que la dynamique vient également des villes et pas uniquement de la capitale. Ainsi, l'association a classé 5 villes de l'hexagone dans son top 20 des villes européennes les plus ambitieuses : Paris, Lyon, Avignon (Vaucluse), Créteil (Val-de-Marne), La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
Et en termes de mise en place effective d'une amélioration de la circulation des vélos (construction de pistes cyclables permanente ou temporaire, diminution de la vitesse de circulation des voitures ou fermeture de certaines rues à la circulation), la moitié du classement est occupé par des villes françaises dont Lyon, Paris, Lille (Nord), Montpellier (Hérault), Créteil (Val-de-Marne), Avignon (Vaucluse), Évry-Courcouronnes (Essonne), Arras (Pas-de-Calais), Bordeaux (Gironde), Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et La Madeleine (Nord).