Chanter, c’est bon pour la santé ! La musique apaise et détend, mais elle serait aussi bénéfique pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Plusieurs études indiquent qu’elle permet à la fois de stimuler leurs capacités mémorielles, mais également leur aptitude à communiquer.
Les liens entre musique et cerveau
“La pratique de la musique sollicite différentes facettes de la mémoire, ancienne comme récente, mais aussi une mémoire du corps”, explique Hervé Platel, professeur de psychologie à 20 minutes. Lorsque nous écoutons un morceau, plusieurs parties du cerveau sont mobilisées : celles liées à la mémoire, au langage, mais aussi au circuit de la récompense. La musique n’est ainsi pas liée uniquement à l’hémisphère droit ou gauche, mais à ces deux parties du cerveau en même temps. “Cette spécificité confère à la mémoire musicale, une supériorité par rapport à la mémoire verbale, explique Hervé Platel au CNRS. Lorsqu’un malade présente une lésion à l’hémisphère gauche (langage), les aires homologues droites ne compensent généralement pas ce déficit. En revanche, le malade pourra généralement toujours percevoir, mémoriser la musique (sans la nommer) et en retirer du plaisir.”
Des patients capables d’apprendre à nouveau
Ce chercheur a mené une expérience dans une maison de retraite du Calvados. Les patients, atteints de forme modérée à sévère de la maladie d’Alzheimer, ne pouvaient pas retenir de nouvelles informations. En huit semaines, les scientifiques sont parvenus à leur faire apprendre une chanson d’une dizaine de lignes, à raison d’un atelier d’1h30 hebdomadaire. Quatre mois après l’arrêt de cette recherche, certaines participants arrivaient encore à se souvenir de la mélodie. “C’était une surprise, car nous ne pensions pas qu’ils puissent l’apprendre et encore moins la conserver en mémoire à long terme”, précise le professeur au Figaro. D’après lui, ce “réapprentissage” est possible même pour des patients à un stade avancé de la maladie. “C’est la preuve qu’une information perceptive sensorielle riche et répétée, peut s’encoder dans le cerveau malgré la destruction des hippocampes et y être conservée, détaille-t-il. C’est beaucoup plus laborieux que si les hippocampes n’étaient pas détruits, mais c’est quand même possible.”
Des effets positifs sur la sociabilité
“Les patients Alzheimer ont de plus en plus de difficultés à se rappeler le sens des mots: ils perdent leur vocabulaire, ajoute-t-il. Pourtant, il y a un très bon maintien de la mémoire des mélodies qu’ils ont appris quand ils étaient jeunes.” Le chercheur constate aussi les effets positifs des mélodies sur les troubles du comportement. “Toute musique qui rappelle quelque chose de familier au malade d’Alzheimer le sort de sa torpeur. Il se met à fredonner et il redevient possible de communiquer avec lui.”
Claire Oppert a également mené une étude auprès de patients atteints de la maladie, elle a constaté ces effets positifs de la musique. “Au début d’une séance, les résidents, qui souffraient de différentes formes de démence, ne communiquaient pas ou s’injuriaient. À la fin de la séance, 80 % échangeaient un mot aimable”, confie-t-elle à 20 minutes. La musique ne pourra pas guérir les patients souffrant d’Alzheimer, mais elle peut les aider à mieux vivre le quotidien, en réduisant leur anxiété et les troubles du comportement.