La révolution 5G devra patienter. Prévue pour la fin de l’année et censée remplacer la 4G d’ici à 2023, la cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile promet une “ultra connectivité", selon les termes utilisés par l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). Cette technologie ultra puissante nous permettra de piloter des milliers d’appareils à distance, de naviguer sur son smartphone de manière encore plus fluide et rapide qu’actuellement, et de développer des applications de réalité augmentée et de réalité virtuelle.
Obtenir l’avis de l’Anses
Le développement de cette technologie n’est pas sans risque. Pour se développer, la 5G utilisera de nouvelles fréquences. Certaines sont proches de celles utilisées par la 4G et ont déjà été étudiées par les scientifiques. Pour permettre des débits plus importants, elle devra utiliser des séquences millimétriques autour de la 3,5 et 26 GHz qui soulèvent des questions. “La 5G va utiliser des nouvelles fréquences, 3,5 Ghz ou 26 Ghz. Si le premier reste relativement proche des fréquences pour la 4G pour laquelle des données sont déjà disponibles, aucune étude n’existe à ce jour sur la fréquence 26 Ghz qui doit être déployée aux alentours de 2025 avec une pénétration directe dans le corps et une absorption par les premières couches de la peau”, ont noté plusieurs députés Les Républicains qui réclament la création d'une commission d'enquête sur les effets de la 5G sur la santé.
Ce dimanche, Olivier Véran, ministre de la Santé, et Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, ont demandé au premier ministre, Édouard Philippe, de temporiser avant la mise en marche de la 5G. Ils souhaitent d’abord obtenir l'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), de l'environnement et du travail, comme l’a révélé Élisabeth Borne dans le Journal du Dimanche. “Les citoyens demandent une évaluation des impacts en termes de santé et d'environnement", résume-t-elle. Les résultats sont attendus pour la fin du premier trimestre 2021.
Une étude pas simple
Dans un rapport préliminaire en date du 27 janvier dernier, l’Anses a mis en garde contre “un manque de données scientifique sur les effets biologiques et sanitaires potentiels” d’une exposition à ces nouvelles fréquences. Étudier les effets des fréquences sur notre santé n’est pas facile, comme l’a confié Yves Le Dréan, chercheur pour l’Inserm dans l’unité Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) de l’université de Rennes, à Pourquoi docteur. “Il y a beaucoup de biais méthodologiques qui peuvent laisser penser qu’il y a un effet [des ondes sur la santé humaine, NDLR] alors que ce domaine-là est particulier car il requiert une double compétence, en biologie et électronique. Or, on voit des équipes compétentes en biologie mais pas du tout en électronique mener des études sur le sujet. Elles voient donc la biologie bouger mais ne savent pas si c’est dû aux ondes ou à l’effet micro-ondes de leur système d’exposition pas du tout contrôlé. A l’inverse, il y a études menées par des physiciens où l’exposition est bien contrôlée mais pas la biologie. Mais ces papiers-là peuvent être publiés quand même, selon que la revue est spécialisée dans la biologie ou l’électronique.”