Est-ce enfin le retour en grâce des taxis ? C'est ce que veut croire Nicolas Rousselet, PDG de G7, la principale société de taxis parisiens. Dans un entretien accordé au Monde, le chef d'entreprise assure que les taxis "savent s'adapter" et "s'investissent aussi pour la société" en assurant qu'ils poursuivent la transformation de la flotte pour atteindre les 50% de véhicules hybrides ou électriques. Un clin d’œil à l'actuelle maire de Paris qui veut limiter le nombre de voitures personnelles et la pollution dans la capitale ?
Signe du rapprochement entre les taxis et la ville, selon VTC de France : l'accès qui leur est autorisé -moyennant une taxe- à la rue de Rivoli (Ier-IVe) - axe majeur de la circulation parisienne - transformée en vaste axe cycliste depuis le 11 mai. "C'est vraiment une concurrence déloyale : nous sommes des artisans au même titre que les taxis, nous avons les mêmes droits et pourtant aujourd'hui nous ne sommes pas reconnus à notre juste valeur, souffle Arnaud Desmettre secrétaire général de l'association des VTC de France, au micro de France bleue Paris ce lundi matin. Si on veut emprunter la rue de Rivoli c'est 135 € d'amende !"
La mairie de Paris qui a ainsi a réservé l'accès aux nouveaux axes cyclistes aux véhicules déjà habilités à circuler sur les voies de bus ainsi qu'aux artisans refuse pour l'instant d'ouvrir ce droit aux VTC. Pourtant, Arnaud Desmettre assure que les chauffeurs de la capitale souhaitent s'acquitter de cette taxe permettant de circuler sur la voie de bus.
D'autres projets de fermetures de voies
Durablement impactée par la réduction du nombre de voies de circulation qui provoquent des bouchons et donc une baisse de leur rentabilité, la situation des VTC pourrait encore se détériorer. D'autre projets de fermeture d'axe, à l'image de Rivoli, sont à l'étude comme celle de la rue Mouffetard (Ve), la rue Saint-Paul (IVe), la rue Saint-Jacques (Ve) et du boulevard Saint-Michel (Ve-VIe).
Deux cents VTC, réunis dans le collectif VTC rivoli, ont décidé de se constituer en collectif et d'entamer une procédure judiciaire contre la mairie de Paris. "Une requête en référé suspensif vient d'être déposée devant le tribunal administratif de Paris par les avocats Rémy Josseaume et Aïley Alagapin-Graillot, spécialistes en droit routier", rapporte Le Parisien au début du déconfinement. Ce lundi 22 juin, le collectif VTC Rivoli a organisé une manifestation devant l'Hôtel de ville pour demander un entretien avec la maire.
Flous entre taxis et VTC
La bataille des groupes d'intérêts entre la "corporation" des taxis et les "électrons libres" VTC bat de son plein également à l'échelon de l'État. Selon Le Monde, les VTC ont été un temps les oubliés du plan de national de sauvegarde du secteur touristique, contrairement aux artisans et sociétés de taxis. "Les chauffeurs VTC ont eu aussi accès au plan de soutien, mais avec un décalage de plusieurs jours, qui a généré une certaine tension chez les chauffeurs", assure le journal du soir.
Si les uns comme les autres ont vu leur activité chuter de 90% lors du confinement, la reprise est progressive depuis le déconfinement. "L’activité de rue, la maraude, qui représente la moitié de l’activité de nos chauffeurs, reste à un niveau très bas, constate Nicolas Rousselet PDG de G7. On est encore à une ou deux courses par jour contre six en moyenne auparavant."
Un partenariat entre la SNCF et Uber
Et les taxis ne devraient pas crier victoire trop vite sur les VTC. La semaine dernière, la SNCF a annoncé son partenariat en Île-de-France avec l'entreprise Uber. Ainsi, les prix de la plate-forme s'afficheront à côté de celle des taxis sur l'application de mobilité du géant du rail. Pourtant, l'avenir de la plate-forme américaine reste encore incertain. De plus en plus de juridictions reconnaissent le lien de subordination entre celle-ci et les chauffeurs - dont la France avec la décision de la Cour de cassation du 4 mars dernier. Une décision de justice qui permet de transformer le contrat de travail d'un prestataire en celui d'un salarié. Une décision qui pourrait transformer le modèle économique de la plate-forme uniquement si les politiques décident de la réguler assure Me Masson interrogé par Dalloz.