Le syndrome Gilles de la Tourette est une maladie neurologique à composante génétique qui débute souvent très jeune et se caractérise par des tics moteurs et parfois vocaux. Les premiers sont des mouvements non contrôlés et soudains qui se reproduisent de manière répétée, même pendant le sommeil, et dont la fréquence s'amplifie avec le stress. Les tics vocaux sont des bruits, des mots et parfois des insultes qui se produisent de manière compulsive et répétitive. Il a été prouvé que stimuler les neurones sensorimoteurs impliqués dans la maladie était efficace pour traiter cette dernière.
Actuellement, la technique utilisée consiste à appliquer un courant magnétique au travers du scalp du patient grâce à une énorme machine et des électrodes placées sur le crâne, ce qui est peu pratique. C’est pourquoi, les chercheurs tentent de mettre au point des méthodes plus simples. Selon une étude, dont les résultats prometteurs sont parus dans la revue Current Biology, des chercheurs britanniques fabriquent un bracelet qui, en délivrant des impulsions du poignet à un rythme et à une fréquence spécifiquement étudiée pour agir sur le cerveau, pourrait réduire ces tics qui handicapent tant les malades.
“Nous voulions renforcer certains rythmes cérébraux impliqués dans la suppression du mouvement”, explique le docteur Stephen Jackson, qui a dirigé ces travaux à l'université de Nottingham (Royaume-Uni), à Sciences et Avenir. Pour leur expérience, Jackson et ses collègues ont placé des électrodes sur la peau au niveau du poignet de 19 patients atteints du syndrome Gilles de la Tourette. Ces derniers étaient connectés à un appareil électronique alimenté par secteur. Les impulsions étaient délivrées au niveau du poignet par six tranches d’une minute.
“J’étais sceptique”
Si deux patients ont abandonné l’expérience en cours de route car ils trouvaient les impulsions trop inconfortables pour continuer, pour la majorité des autres patients, cette méthode "a permis de réduire considérablement les tics et, dans de nombreux cas, de supprimer la sensation prémonitoire”, s'enthousiasme Stephen Jackson.
“J'étais sceptique (…) A la première séance de stimulation, j'ai eu l'impression qu'un nouveau traitement avait enfin été trouvé pour me libérer de ma Tourette et j'ai voulu pleurer de bonheur”, témoigne Charlie qui a participé à l’expérience dans un communiqué.
Si Charlie a très bien vécu l’expérience, ce n’est pas le cas de tous les patients. En effet, certains ont montré une aggravation de leurs tics avec cette méthode. Ainsi donc, cette dernière ne sera pas à appliquer sur à tout le monde. Il s’agit également désormais de vérifier que les bénéfices durent dans le temps et qu’aucun malade ne développe une accoutumance en cas de stimulation de plusieurs heures.
Vers un essai de plus grande envergure avec une version portable du bracelet
C’est pourquoi, le docteur Jackson et son équipe, qui se réjouissent du “potentiel énorme” de ces travaux “pour le développement d'un traitement sûr et efficace des tics sans effets secondaires”, comptent bientôt lancer un essai de plus grande envergure. Ils ont dans l'idée d'utiliser une version portable du bracelet, “qui fonctionnerait à piles et qui ressemblerait un peu à une Apple Watch”, explique Jackson.
Outre les tics moteurs et vocaux, les personnes atteintes du syndrome Gilles de la Tourette peuvent souffrir d’autres troubles psychopathologiques comme le syndrome de l’hyperactivité (Trouble du déficit de l’attention/hyperactivité), des TOC, des troubles anxieux, ou des comportements auto-agressifs. Il présente aussi fréquemment des difficultés d’apprentissage, de concentration, de contrôle de l’impulsivité et des troubles du sommeil et de l’humeur (dépression).
Cette maladie touche environ une personne sur deux mille. “Cette estimation passe à 1 sur 200 si les formes mineures comprenant les tics transitoires ou chroniques sont inclus dans la définition de la maladie”, comme l'explique sur le site Orpha.net.