- L'Artemisia annua est initialement utilisée pour traiter le paludisme en contrant les effets du parasite responsable de la maladie infectieuse
- L’Artemisia se consomme en tisane ou en décoction, mélangée, dans des proportions restées confidentielles, avec des plantes médicinales malgaches utilisées dans la composition de remèdes traditionnels comme antiseptiques et fluidifiants bronchiques
- L'Académie nationale de médecine estime qu'il y a trop d'absences et d'insuffisances et déconseille fortement de ne pas utiliser ce traitement pour soigner de la Covid-19
Le 20 avril dernier, le président de Madagascar, Andry Rajoelina, a annoncé la découverte d’un traitement miracle contre la Covid-19 : l’Artemisia annua. Cette plante est initialement utilisée pour traiter le paludisme en contrant les effets du parasite responsable de la maladie infectieuse, valant le prix Nobel de médecine au docteur Tu Youyou en 2015. Cette fois, c’est contre le coronavirus que la plante aurait des effets miracles, si l’on en croit l'institut malgache de recherches appliquées (IMRA).
Des protocoles thérapeutiques rigoureux pour aller plus loin
L’Artemisia se consomme en tisane ou en décoction. “Distribuée en bouteille de 33 cl ou en sachet d'herbes sèches sous la marque ‘CVO Tambavy’, elle contient 62% d'Artemisia annua et un mélange, dans des proportions restées confidentielles, de plantes médicinales malgaches utilisées dans la composition de remèdes traditionnels comme antiseptiques et fluidifiants bronchiques”, décrit l’Académie nationale de médecine dans un communiqué. Le pays n’a pas attendu d’avoir des confirmations scientifiques et cliniques de l’efficacité du remède pour le commercialiser et le vendre aux pays voisins. La guérison de deux patients qui ont reçu cette sorte de tisane bio a suffi à convaincre le président.
L’Académie de médecine est revenue sur ce traitement et “déconseille formellement l’utilisation inconsidérée de tisanes ou décoctions à base d’Artemisia, sous quelque forme que ce soit, pour le traitement de la Covid-19”, écrit-elle dans le communiqué. Pour aller plus loin, il est nécessaire “que des protocoles thérapeutiques rigoureusement codifiés et scientifiquement étayés” fassent “preuve de leur efficacité et de leur innocuité dans cette indication.” Avant elle, c’est l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a émis de sérieux doutes sur son efficacité pour soigner les patients infectés de la Covid-19. Finalement, l’Organisation a fini par inclure la Covid-Organics dans les essais cliniques du programme “Solidarity”.
Des absences et insuffisances
Dans son communiqué, l’Académie nationale de médecine émet de nombreuses réserves et insuffisances sur l’efficacité de ce traitement. Elle note ainsi un “manque de données sur les molécules présentes dans les matières sèches d'Artemisia annua produite à Madagascar, l'absence d'étude préalable démontrant une activité antivirale de l'artémisinine vis-à-vis du SARS-CoV-2 in vitro, l'absence de preuve de concept et le caractère empirique du protocole thérapeutique proposé, et l'absence d'études cliniques contrôlées de tolérance et d’efficacité”.
Tous ces manquements et absences conduisent l’Académie à considérer difficile “de réaliser une étude clinique pour faire la preuve de l'efficacité d'une phytothérapie dans le traitement de la Covid-19”. En outre, elle note que “la consommation à grande échelle de tisanes d'Artemisia est susceptible d'entraîner l'apparition de résistances aux antipaludiques à base d'artémisinine, essentiels pour le traitement des paludismes à Plasmodium falciparum non compliqués.”