"Nos équipes se sont fortement mobilisées, cette crise a donné du sens à leur métier". Pour Jean-Charles Suire-Duron, directeur général de l'activité "transport sanitaire" du Groupe VYV, l'heure du bilan est aussi celle d'un satisfecit au lendemain de la phase aigüe de l'épidémie de Covid-19. Celle-ci aurait pourtant pu laisser ce secteur désemparé : "Du jour au lendemain, nous avons enregistré une baisse de 70 à 80% de notre activité habituelle, explique le directeur d'Harmonie Ambulance. Nous ne travaillons que sur prescription médicale et tous les centres de soins et de santé avec lesquels nous sommes en lien se sont dédiés là la prise en charge des patients Covid, interrompant de fait de nombreux soins programmés".
Au coeur des évacuations sanitaires
Moins de soins, donc moins de patients à transporter... Mais la gravité de la situation sanitaire a rapidement imposé d'autres missions aux 850 salariés de cette activité. "Nous avons répondu à notre mission de service public en continuant d'intervenir en urgence pour des malades à leur domicile et, surtout, nous avons largement participé aux évacuations sanitaires ", explique Jean-Charles Suire-Duron.
Ses équipes, en lien permanent avec les hôpitaux, ont contribué à l'acheminement des malades atteints d'une forme sévère de Covid lorsqu'il a fallu alléger les services de réanimation de nombreux établissements. Ce sont elles qui ont participé aux convois d'ambulances vers les gares et les aéroports d'où partaient trains et avions spécialement aménagés pour transférer les victimes du coronavirus vers des régions moins touchées par l'épidémie.
"Dans ces situations de crise, on se rend encore mieux compte de notre importance", souligne le patron d'Harmonie Ambulance qui se réjouit par ailleurs d'avoir eu un certain sens de l'anticipation sur les équipements de protection dont ses salariés, contrairement à beaucoup dans cette profession très exposée, n'ont jamais manqué. "Des décisions avaient été prises en amont et nous avions des réserves pour ces équipements".
Un retour difficile des patients vers les centres de santé
Un mois et demi après le début du déconfinement, l'activité reprend un cours plus habituel. Mais elle est loin d'être revenue au niveau d'avant la crise du coronavirus. Pour des raisons très pratiques, d'abord: "Le respect des gestes barrière et de la distanciation dans les établissements ne leur permettent pas de reprogrammer autant de soins qu'avant la crise", précise Jean-Charles Suire-Duron. Maus surtout, le transport sanitaire enregistre, comme les autres professionnels de santé, un difficile retour vers les centres de santé des patients atteints de maladies chroniques. "Beaucoup, par peur d'une contamination à l'hôpital ou dans d'autres établissements de santé, ont complètement arrêté le suivi de leur pathologie, y compris des personnes suivies pour des cancers ou même des dialysés ... et c'est compliqué de faire revenir ces patients!", constate, préoccupé, le directeur d'Harmonie Ambulance.
Pour ceux-là, le risque éventuellement couru durant le transport ne pourra bientôt plus être avancé : "Nous avons réalisé un prototype de séparation pour isoler les passagers du chauffeur, et réciproquement; et nous n'attendons plus pour équiper tous nos véhicules de transport assis que le feu vert que doivent nous donner les agences de santé". L'ingéniosité des équipes d'Harmonie Ambulance s'est nourrie des leçons de la crise.