Le cholestérol est une substance cireuse utilisée par l'organisme pour fabriquer des hormones et maintenir le bon fonctionnement des cellules. Depuis des années, le cholestérol des lipoprotéines de haute densité (HDL) est surnommé “bon cholestérol”. En effet, il déplace les graisses et autres molécules de cholestérol hors des parois artérielles, contrairement au cholestérol des lipoprotéines à faible densité (LDL), qu’on appelle “mauvais cholestérol”. Des études ont notamment montré que les personnes ayant un taux de cholestérol HDL élevé développent généralement moins de maladies cardiovasculaires que les autres. Dans une nouvelle étude, dont les résultats sont parus dans Circulation, des chercheurs américains ont découvert que le nombre de particules de HDL, une mesure peu utilisée pour calculer le taux de bon cholestérol, est un prédicteur plus fiable du risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral que la mesure standard. Pour les personnes noires, la prédiction est toutefois plus compliquée.
Pour leurs recherches, les scientifiques de l'UT Southwestern (Etats-Unis) ont rassemblé les informations de personnes ayant participé à quatre grandes études nationales sur l’athérosclérose (accumulation de plaques graisseuses sur les parois des vaisseaux sanguins) et les maladies rénales et vasculaires. Au total, ces études ont porté sur 15 784 personnes suivies pendant une moyenne de 8 à 12 ans. Parmi les participants, 54 % étaient des hommes, 22 % étaient noirs et leur âge moyen était de 56 ans.
“Des études antérieures ont examiné les niveaux de HDL dans la population dans son ensemble, explique le docteur Anand Rohatgi, professeur associé de médecine interne à l'UTSW. Mais nous savons que la biologie diffère parfois selon le sexe et la race, c'est pourquoi nous avons pensé qu'il était important de distinguer ce qui se passe dans ces populations, ainsi que la manière dont les HDL sont associés aux accidents vasculaires cérébraux, qui ont été sous-étudiés.”
“Si vous n’êtes pas blanc, ce n’est pas si simple”
Les chercheurs ont ainsi pu constater que les personnes ayant des niveaux de HDL-P, qui correspondent au nombre de particules HDL circulant dans le sang, les plus élevés avaient un risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral inférieur de 37% à celui des personnes présentant des niveaux plus bas. Chez les femmes, cette association était plus marquée. En effet, celles qui avaient les taux de HDL-P les plus élevés présentaient une réduction de 49 % des crises cardiaques et de 46 % des accidents vasculaires cérébraux. Si le test standard, qui calcule les niveaux de HDL-C, prévoit le risque de crise cardiaque dans l'ensemble du groupe, il n'est pas associé aux accidents vasculaires cérébraux, précisent les chercheurs.
En revanche, chez les participants noirs, ni le test HDL-C, ni le HDL-P n'étaient liés au risque de crise cardiaque. “Si vous êtes blanc, un faible taux de cholestérol HDL reste un puissant prédicteur du risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral, et cela n'a pas changé”, commente Anand Rohatgi. Mais si vous n'êtes pas blanc, ce n'est pas si simple.”
Ainsi, mieux comprendre la façon dont le HDL peut aider à prédire la maladie, et la manière dont cette association diffère en fonction des populations, pourrait grandement aider à réduire les taux de maladies cardiovasculaires.
“Ces marqueurs de risque sont vraiment pertinents dans les soins primaires et la cardiologie de tous les jours”, commente le docteur Kavisha Singh, chercheuse en cardiologie à l'UTSW et premier autrice de l’étude. Les médecins utilisent les taux de cholestérol pour décider si un patient doit prendre des médicaments ou non”, rappelle-t-elle.
Se faire dépister tous les cinq ans
Forte de ces résultats, l’équipe prévoit de futures études sur la fonctionnalité des particules HDL chez les personnes noires et la manière dont la HDL-P peut être utilisée cliniquement. Il s’agira enfin de déterminer si la HDL-P pourrait être associée à des sous-types spécifiques d'accidents vasculaires cérébraux.
Quand le mauvais cholestérol est trop important, il peut favoriser l’athérosclérose (accumulation de plaques graisseuses sur les parois des vaisseaux sanguins), qui augmente le risque d’AVC, de crise cardiaque et de maladie artérielle périphérique. En France, 19% des adultes sont en hypercholestérolémie (cholestérol LDL supérieur à 1,6 g/l). Ce phénomène serait à l’origine d’un infarctus sur deux.
D’où l’importance de se faire dépister tous les cinq ans lors d’un bilan lipidique, quand on est en bonne santé. Le test s’effectue par une prise de sang à jeun et une analyse biologique, explique la Fédération française de cardiologie. Récemment, une étude parue dans la revue The Lancet, montrait notamment que donner un traitement pour abaisser le niveau de mauvais cholestérol chez les moins de 45 ans présentant un taux trop élevé permettrait de réduire ces risques cardiovasculaires plus tard dans la vie.