Jambes lourdes, varices, oedèmes ? Des maux qui méritent d'être pris au sérieux parce qu'ils sont les signes d'une possible maladie veineuse. Des signes qui, lorsqu'ils apparaissent, méritent surtout que l'on se penche sur ses ascendants, mère et père. Une étude basée sur des observations menées dans 24 pays et portant sur 120 000 patients aboutit en effet à la conclusion que l'hérédité est sans doute le facteur de risque le plus puissant dans cette maladie.
On estime qu'il y a en France 18 millions de personnes touchées dont seulement 30% feraient l'objet d'une prise en charge. Chez ceux dont les parents sont eux-mêmes atteints, on observe une fréquence et une précocité plus importantes de cette maladie. “Le risque avant 35 ans est multiplié par 2,6 en cas d'hérédité”, précise le médecin vasculaire et phlébologue Vincent Crébassa, qui insiste par ailleurs sur d'autres conséquences de cette hérédité, une évolution plus rapide et des stades cliniques plus graves de la maladie.
Une hérédité qui peut venir du père comme de la mère
Contrairement à ce que le corps médical a longtemps pensé, cette hérédité n'est pas seulement liée à la mère : elle peut provenir à égalité des deux parents. Elle touche aussi bien les hommes que les femmes, même si la fréquence de la maladie veineuse est plus importante chez ces dernières (75% des cas sont des femmes) pour des raisons liées à l'imprégnation hormonale.
Lorsque les deux parents ou même seulement l'un d'entre-eux présentent des signes de maladie veineuse ou sont traités pour cette pathologie, la prévention et la surveillance sont donc indispensables. “C'est d'autant plus important que l'on ne guérit pas de cette maladie, qu'elle donc chronique et surtout évolutive, avec des stades qui peuvent devenir graves avec notamment un risque de phlébite pouvant entraîner une embolie pulmonaire”, insiste Vincent Crébassa.
Lourdeurs de jambes, impatiences ou varices sont donc à surveiller de près et très tôt lorsque des antécédents familiaux existent, la France étant par ailleurs un des pays où l'hérédité comme facteur déclenchant de la maladie veineuse est la plus répandue.
Les réformés de la Grande Armée
L'explication serait d'ailleurs liée à l'histoire de notre pays, comme le raconte Vincent Crébassa: “On trouve dans la littérature médicale un lien entre la maladie veineuse et… les guerres napoléoniennes; en constituant sa Grande Armée, l'empereur aurait voulu en écarter tous les hommes qui montraient des signes de maladie veineuse et qui, en raison des longues marches imposées à ces troupes, risquaient de développer des ulcères qui en faisaient des soldats incapables de combattre mais qu'il fallait tout de même accompagner et nourrir ! Alors la plupart on été réformés… ce qui leur a évité de faire partie des victimes des batailles de l'Empire et d'avoir ainsi une descendance plus nombreuse.”
Alors, même si c'est “la faute de Napoléon”, ce n'est pas une raison pour négliger ces maux. Surtout que parmi les causes qui peuvent se lier à l'hérédité, il y en a contre lesquelles on peut agir. “La maladie veineuse est aussi favorisée par le manque d'exercice physique ou l'excès de poids, des éléments que l'on peut corriger en modifiant des habitudes de vie”, souligne Vincent Crébassa.
Si cela ne suffit pas et que la maladie est déjà bien avancée, des traitements permettent de ralentir ou de bloquer son évolution : “Les veinotoniques sont à recommander et s'ils ont été déremboursés, ce n'est pas parce qu'ils étaient inefficaces ou nocifs mais avant tout pour des raisons économiques”, explique Vincent Crébassa en évoquant également l'apport des vêtements de contention dans la prise en charge de la maladie veineuse. D'autres traitements plus “lourds” existent par ailleurs, notamment pour réduire les varices, comme les traitements endoveineux, voire la chirurgie lorsque les varices dépassent la taille de 3 millimètres.
Le médecin vasculaire insiste en tout cas sur l'importance du suivi des symptômes quels qu'ils soient. “Cette maladie est une perte de l'élasticité de la paroi des veines, donc une maladie qui touche notre système circulatoire, c'est pour cela qu'elle est à prendre au sérieux !”