- Les Académies de Médecine et de Chirurgie demandent à lever le plan blanc déclenché dans les hôpitaux depuis le 6 mars 2020.
- Selon elles, il serait préférable de mettre à la place un protocole permettant de relancer les activités chirurgicales qui ont été interrompues à cause de la crise sanitaire.
- Le nouveau protocole qui pourrait se substituer au plan blanc permettrait de maintenir les autres interventions médicales, même en cas de nouvelle crise sanitaire.
La reprise de l'activité chirurgicale particulièrement affectée par la pandémie de Covid-19 est, pour les Académies nationales de Médecine et de Chirurgie, une réponse à apporter à “une urgence sanitaire et économique”. C'est la raison pour laquelle elles demandent, selon leur communiqué du 23 juin, “une levée immédiate du plan blanc sur tout le territoire métropolitain”, c'est-à-dire la fin d'une organisation qui donne la priorité absolue dans les hôpitaux à la prise en charge des malades de la Covid-19 au détriment de la plupart des interventions dites lourdes, réclamant un séjour post-opératoire en réanimation.
131 transplantations hépatiques et 47 transplantations cardiaques durant la crise
Pour respecter malgré tout des règles limitant le risque nosocomial qui serait lié à une reprise de ces interventions, elles s'appuient sur l'exemple des protocoles mis en place durant la crise sanitaire pour l'activité de transplantation : le maintien d'un parcours dédié pour les patients Covid, un bilan précis du statut viral des donneurs et des receveurs, une sélection des receveurs excluant les candidats avec un mauvais pronostic pour éviter un séjour prolongé en réanimation post-opératoire et le placement des patients en chambre individuelle au sortir de réanimation sans possibilité de visites.
En suivant ces conditions, 131 transplantations hépatiques et 47 transplantations cardiaques — interventions dont l'Agence de biomédecine recommandait le maintien — ont pu être réalisées entre le 15 mars et le 30 avril 2020, soit une diminution respectivement de 29% et 15% par rapport à la même période en 2019. “En observant des mesures sanitaires strictes, il est possible de maintenir la plupart des activités chirurgicales en période d'épidémie due à un virus émergent”, concluent les Académies dans leur communiqué.
Retour d'expérience
Elles proposent aujourd'hui, à partir de ce retour d'expérience, l'adoption par anticipation d'un protocole permettant de relancer ces activités chirurgicales et de les maintenir dans le cas d'une future crise sanitaire. Les Académies suggèrent ainsi :
- La mise en place d'une concertation préalable, médico-chirurgicale et multidisciplinaire, pour prendre au sein de chaque établissement les dispositions afin de préserver ce type d'activités avec une répartition des moyens entre secteurs public et privé;
- Une organisation des circuits d'hospitalisation garantissant le maintien d'une filière sécurisée complète, quelle que soit la nature du risque sanitaire;
- Une sélection des patients en cas de crise sanitaire de nature infectieuse afin d'éviter tout risque de contamination et de prolongation de séjour en réanimation.