Le Dr Jacques Battistoni est un homme de terrain. Non seulement le nouveau président du syndicat MG France, lui même médecin généraliste, s'est lancé, sitôt élu, dans un tour de France de ses confrères pour faire remonter leurs besoins et leurs idées, mais il est surtout celui qui défend pied à pied le rôle de ces praticiens dans la mise en place d'organisations territoriales pour régler les difficultés d'accès aux soins.
"C'est surtout un Ségur de l'hôpital !"
"Il faut structurer les soins de ville, donner un coup d'accélérateur à la mise en place des CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé)!", proclame-t-il à l'adresse des autorités de santé. Sans se faire trop d'illusions sur la portée de ce message dans le cadre d'un "Ségur" de la santé qui serait, selon lui, "surtout un Ségur de l'hôpital qui n'accorde pas un intérêt réel aux médecins libéraux". Et d'ajouter, ironique, que "l'on peut douter que l'hôpital soit le bon organisateur de la médecine de ville !".
La crise sanitaire a d'ailleurs renforcé ses convictions en la matière: "Si nous avions eu davantage de CPTS, nous aurions été mieux armés pour participer à la régulation et à la prise en charge des patients Covid", assure Jacques Battistoni qui place l'installation de ces structures comme une priorité absolue pour faciliter l'accès aux soins et apporter une solution aux déserts médicaux. Pour lui le médecin libéral doit non seulement conserver sa liberté de s'installer et d'entreprendre, mais il doit aussi devenir un manager: "Son rôle, c'est d'animer une équipe autour de lui !".
Ses priorités : les CPTS et le service d'accès aux soins
L'autre combat du patron de MG France, c'est la mise en place du service d'accès aux soins, le fameux SAS, qui lui apparaît comme la meilleure solution pour régler le problèmes de la surcharge des urgences à l'hôpital en permettant de répondre en permanence aux besoins des patients en cas d'absence ou d'indisponibilité du médecin traitant. Mais là encore, il estime que cela nécessite de donner à la profession les moyens de cette ambition. "La mise en place de ce service, c'est 300 millions d'euros, estime-t-il, la moitié pour mettre en place un numéro d'appel et un sytème de régulation, l'autre moitié pour valoriser l'action des médecins qui accepteraient davantage de consultations".
Dans son entretien avec le Dr jean-François Lemoine, le Dr Jacques Battistoni semble prudent pour évoquer une éventuelle revalorisation du tarif de la consultation. Mais avec cette présentation du service d'accès aux soins, voilà que ce sujet finit par apparaître. Le syndicaliste président de MG France ne pouvait pas rester silencieux sur un point qui a forcément nourri nombre de ses échanges durant sa campagne de terrain !