Plus de la moitié des spots publicitaires alimentaires à la télévision concerne des produits gras, sucrés ou salés. L’unique régulation qu’il existe consiste à éloigner ces publicités des programmes pour enfants. L’étude publiée mercredi 24 juin par Santé publique France montre que seulement 0,5% du temps passé devant la télévision par les moins de 18 ans est consacré à ces programmes. Les enfants qui regardent la télévision sont donc massivement abreuvés de programmes publicitaires de malbouffe.
Supprimer ces publicités à certaines heures
L’étude de Santé publique France montre que le temps passé par les enfants et les adolescents devant la publicité a augmenté de 9 minutes par jour entre 2012 et 2018. Sur l'ensemble des médias, les produits affichant un Nutriscore D ou E pèsent 48 % des investissements alimentaires en 2018, contre 36 % pour les produits plus vertueux A, B, C et 16 % pour les produits non classés. “Être exposé à la publicité pour des produits gras, sucrés, salés, crée des préférences et augmente la consommation de ce type de produits, expose Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité nutrition et activité physique à Santé publique France. Cela augmente également les pressions des enfants exposés sur leurs parents, pour qu’ils en achètent.”
Dans son étude, l’agence Santé publique France propose de durcir les règles encadrant la publicité alimentaire à destination des enfants. Elle estime qu’il faut interdire la publicité pour les aliments classés D ou E entre 19 heures et 22 heures, c'est-à-dire lorsque plus de 20 % des mineurs regardent la télévision. Elle est même allée jusqu’à soumettre l’idée de supprimer ces publicités aux horaires où au moins 10% des mineurs risquent d’y être exposés. Cela concerne les tranches entre 7 heures et 11 heures, entre 12 h et 14h et entre 16 h et 23 h.
Une nouvelle taxe pour financer ces nouveaux messages
Les recommandations de l’agence concernent également Internet. Elle préconise d’interdire aux marques de pouvoir diffuser en ligne des contenus pour enfants “faisant la promotion directe ou indirecte de produits ayant un Nutri-Score D et E ou de la marque associée”. Cela concerne aussi bien leur site web que Facebook. Les jeux ou activités proposées au nom de l’une de ces marques seraient proscrits, et ce même si l’industriel fait la promotion d’un produit “sain” de sa gamme. Cette interdiction concernerait également les influenceurs qui ne pourraient plus promouvoir ces produits.
Pour financer ces recommandations, Santé publique France propose la création d’une nouvelle taxe. “Afin de permettre le financement de cette nouvelle forme de messages sanitaires, les régies publicitaires devront appliquer une participation financière différenciée selon le Nutri-Score des produits publicisés ou des marques associées”, soumet-elle. Une taxe qui représenterait 0,02% des montants d'achat d'espaces bruts faisant la promotion de produits classés D ou E, à 0,01 % pour les produits C et à 0,005 % pour les produits A et B.
Ces recommandations s’inscrivent dans la volonté du gouvernement de faire reculer de 20% l’obésité infantile d’ici à 2023. L’agence a été saisie sur la question en 2018 par la Direction générale de la Santé. En ce sens, Édouard Philippe et Olivier Véran, alors député, ont déclaré l’an dernier vouloir faire évoluer les règles européennes afin de pouvoir rendre obligatoire l'affichage Nutriscore dans les publicités. Selon l’étude Esteban, menée en 2015, 17% des enfants âgés entre 6 et 17 ans sont en surpoids et 4% sont obèses.