Comme les services d’urgence hospitaliers, ils font figure d’ultime filet pour maintenir dans le système de santé les personnes en situation de précarité. Les centres de santé, ou « dispensaires » pour reprendre une terminologie plus ancienne, ont « une utilité sanitaire et sociale bien réelle » a rappelé récemment l’inspection générale des affaires sociales (Igas). Pour ce service interministériel, les centres de santé ont de l’avenir, d’autant plus en période de restriction budgétaire, où les ménages se serrent la ceinture, et où le maillage de la médecine de ville laisse apparaître des trous de plus en plus béants dans l’hexagone. «Les centres de santé sont une garantie d’accès géographique, financier et social à des soins ambulatoires de proximité », notent Philippe Georges et Cécile Waquet, les inspecteurs auteurs du rapport.
Combien de centres de santé en France ?
L’Igas en dénombre 1 220. Ils peuvent être communaux, associatifs ou mutualistes. La plupart sont dotés d’une «forte identité», certains trouvant leur origine «dans une histoire de pionniers d’une médecine attentive aux exclus», soulignent les auteurs du rapport. Schématiquement, un tiers de ces centres de santé propose des soins dentaires, un autre tiers prodigue des soins exclusivement infirmiers, tandis que les autres sont polyvalents.
Quel est leur poids dans les dépenses de santé ?
Les centres de santé représentent 2,4% des dépenses de santé de ville. «Ils offrent des soins dans des quartiers de ville souvent désertés par les médecins libéraux et accueillent des populations parfois précaires», insiste l’Igas. Leur personnel est salarié et, la plupart du temps, les patients bénéficient du tiers payant et n’ont donc pas à avancer les frais. Les centres de santé apparaissent comme une opportunité pour les professionnels de santé qui sont en quête d’un autre modèle d’exercice que celui de la médecine libérale. « Dans un contexte où sont recherchées des formes d’exercice regroupé et coordonné de la médecine ambulatoire, (…) les centres de santé, qui offrent des soins ambulatoires pluri-professionnels en secteur 1 et en tiers payant, méritent une attention particulière », expliquent Philippe Georges et Cécile Waquet.
Cependant, le modèle économique des centres de santé est à revoir. « Rares sont ceux qui réunissent les critères de bonne gestion », pointe l’Igas. Ainsi, de nombreux centres de santé ne doivent leur survie qu’aux gestionnaires : les associations, les mutuelles, les caisses de Sécurité sociale, ou les communes « qui bouclent le budget par une subvention ». L’institution recommande aux centres de santé à réaliser « d’importants efforts de gestion » et d’organisation interne. L’Igas préconise un élargissement des horaires d’ouverture, une attention accrue portée au taux de remplissage des plannings professionnels, une maîtrise des dépenses de personnel (notamment administratif) ou encore une application plus stricte des règles de nomenclature. Il serait également urgent de mettre en place un système d’information efficace pour suivre les recettes et dépenses au jour le jour. Quant au tiers payant, le rapport avance plusieurs mesures pour alléger sa gestion.
L’Igas propose aussi une réforme du financement, en mettant l’accent « sur la part forfaitaire de rémunération ». Des propositions qui « vont dans le bon sens » pour la Fédération des Mutuelles de France qui gère plusieurs centres de santé. Et la fédération espère que la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014 « les concrétisera ».