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Coronavirus

Les personnes porteuses du gène de la démence sont plus sujettes à la Covid-19

Par Sophia Ravan

Certaines personnes d’origine européenne seraient porteuses d’un gène défectueux qui favoriserait la démence et augmenterait le risque de contracter une forme sévère de la Covid-19.

Ocskaymark/iStock
Un gène défectueux présent en majorité chez les personnes d'origine européenne, favoriserait les formes sévères de Covid-19.
Ce gène, appelé APOE e4e4, augmenterait jusqu'à 14 fois le risque d'avoir la maladie d'Alzheimer et rendrait ses porteurs plus vulnérables aux maladies cardiaques.
Les résultats de cette étude confortent une étude précédente du mois de mai, qui soulignait que la démence faisait partie des comorbidités du coronavirus et qu'elle était associée à une mortalité plus importante.

Il semblerait que la Covid-19 ne choisisse pas ses cibles au hasard. Outre ces complications respiratoires, cette maladie est accusée, pêle-mêle, de déclencher du diabète chez les personnes qui l’ont contracté, d’être plus grave chez les patients asymptomatiques et de provoquer des complications chez plus d’une personne sur cinq. Les chercheurs de l'école de médecine de l'université d’Exeter (Royaume-Uni) et de l'école de médecine de l'université du Connecticut (Etats-Unis) ont fait une autre découverte. Selon eux, les personnes qui ont un gène défectueux lié à la démence courent un risque deux fois plus élevé de développer une forme grave de la  Covid-19. Selon l’étude publiée dans le Journal of Gerontology : Medical Sciences, les personnes souffrant de démence ont trois fois plus de chances d'attraper la Covid-19 que les autres.

Démence et Covid-19

Pour arriver à cette conclusion, les équipes de chercheurs ont analysé les données de la Biobank britannique, la base de données nationale qui contient les données sanitaires et génétiques de 500 000 personnes. Ils ont découvert que les participants ayant un ancêtre européen porteur de deux copies défectueuses du gène APOE appelé e4e4 courent un risque élevé de développer une grave maladie de type Covid-19. 

Ce qui complique encore les choses, c'est qu'une personne sur 36 d'origine européenne possède deux copies défectueuses de ce gène, dont on sait qu'il augmente jusqu’à 14 fois le risque de maladie d’Alzheimer et rend également la personne vulnérable aux maladies cardiaques. Selon les chercheurs, ces mutations du gène doublent le risque de Covid-19 même chez les personnes qui n'ont pas développé ces maladies. 

Si la forte prévalence du virus dans les maisons de soins peut être un facteur, l'étude suggère que les composants génétiques jouent également un rôle. Sur les profils examinés, la plupart d'entre eux n'avaient pas été exposés au virus. Parmi eux, 2,36% des participants d'origine européenne avaient le gène défectueux APOE e4e4. De plus, 5,13 % des personnes dont le test de dépistage à la Covid-19 s'est révélé positif avaient cette variante génétique. Cela montrait un risque deux fois plus élevé que celui du e3e3 (410 pour 100 000 contre 179 pour 100 000). 

Une vulnérabilité accrue

Selon la docteure Chia-Ling Kuo, de l'école de médecine de l'université du Connecticut et co-auteur de l'étude, les résultats peuvent aider à déterminer comment ce gène défectueux entraîne une vulnérabilité à la Covid-19. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements. En outre, elle souligne le fait que le risque accru de maladie associé à l'âge avancé pourrait être dû à des différences biologiques spécifiques. 

Pour le professeur David Melzer, qui a dirigé l’équipe, “plusieurs études ont montré que les personnes atteintes de démence courent un risque élevé de développer une forme grave de Covid-19. Cette étude suggère que le risque élevé pourrait ne pas être simplement dû aux effets de la démence, à l'avancement en âge ou à la fragilité ou à l'exposition au virus dans les maisons de soins.” 

Les résultats de l’étude présentée par David Melzer et Chia-Ling Kuo sont cohérents avec ceux d’une précédente étude réalisée en mai dernier (non revue par ses pairs) sur 16 749 patients hospitalisés au Royaume-Uni. Elle démontrait que la démence faisait partie des comorbidités courantes de la Covid-19 et qu’elle était associée à une mortalité plus élevée.