La crise liée à la Covid-19 a-t-elle été bien gérée par les autorités du pays ? Un rapport de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) sur le point d'être remis au ministère de l'Intérieur, que Le Parisien a pu consulter, dénonce une “gestion de crise éloignée des principes fondamentaux”.
“La gestion de crise, c’est un métier”
Au fil des 18 pages du rapport, la FNSPF qui représente 247 000 pompiers, fustige le “choix politique” du ministère de la Santé dans sa gestion de la crise, la rigidité des services administratifs du Samu et des Agences régionales de santé (ARS), ainsi que leur “impréparation à la gestion d'une crise de cette ampleur et leur déficit de culture de gestion opérationnelle”. “Les préfets ont très longtemps été aveugles, aucune descente d’informations n’était faite par les délégués territoriaux des ARS, a commenté auprès de l’AFP le colonel Hugues Deregnaucourt, vice-président de la Fédération. La gestion de crise, c’est un métier, on ne la laisse pas aux directeurs administratifs et financiers.”
La FNSPF dénonce des “rivalités entre ministères”, lesquelles auraient entrainé de lourdes conséquences, notamment dans les Ehpad. Les ARS, “accaparées par la gestion du nombre de places en réanimation hospitalière (...) ont trop longtemps oublié les EHPAD, laissant seules les collectivités territoriales face au décès en nombre de nos aînés”, note la FNSPF, qui propose la création d'un “ministère de la protection civile, comme certains pays le font.”
“Sous-emploi” et manque de considération
La fédération reproche également à l'exécutif de ne pas avoir mis de numéro d'urgence en place comme cela a été le cas dans d'autres pays, cette négligence ayant menée à la saturation du 15. Elle réclame désormais que coexistent deux numéros pour appeler les secours. De même, elle dénonce le “véritable esbrouffe” des évacuations de patients Covid grâce au TGV médicalisé, qu'elle qualifie de “pures opérations de communication”. “Etait-il efficace de faire faire des centaines de kilomètres aux victimes, alors que souvent il y avait de la place dans la clinique d’en face ?”, interroge la fédération.
Alors que tous les Français ont pris la mesure du danger encouru par les soignants pendant cette crise, les pompiers déplorent l'indifférence générale liée à leur sort, notamment lors de l'hommage rendu aux soignants par Emmanuel Macron le 25 mars dernier à Mulhouse. Globalement, elle dénonce “un sous-emploi” et “une absence de prise en compte des capacités opérationnelles” des pompiers lors du pic de l'épidémie.
La FNSPF réclame de fait à ce que les “infections à la Covid-19 contractées par les sapeurs-pompiers en service” soient reconnues comme maladie professionnelle, ainsi que la prise en charge à 100% par l'Assurance maladie des tests de dépistage pour ceux ayant été exposés au virus.