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La perte de l’odorat, symptôme de la Covid-19 : un véritable handicap

L’anosmie, soit la perte de l’odorat, un des symptômes de l’infection à la Covid-19, constitue un handicap pour lequel il n’existe pas encore de traitement.

La perte de l’odorat, symptôme de la Covid-19 : un véritable handicap valiantsin suprunovich/iStock




L'ESSENTIEL
  • Chez les patients infectés par la Covid-19, la perte d'odorat n'entraîne pas de nez bouché
  • La perte de l'odorat est problématique en cuisine où 90% des activités sont liés aux odeurs
  • La perte de l'odorat est problématique en cuisine où 90% de ce que nous mangeons sont liés aux odeurs
  • Des chercheurs testent l'efficacité de lavages de nez avec de la cortisone et de la rééducation olfactive pour redonner le goût des odeurs chez ceux qui l'on perdu

Très vite, la perte de l’odorat est apparue comme l’un des symptômes caractéristiques d’une infection à la Covid-19. C’est même un symptôme pathognomonique, c'est-à-dire un signe clinique qui, à lui seul, permet d'établir le diagnostic. Si l’anosmie est courante dans les maladies respiratoires, elle est causée par l’encombrement des voies nasales et à un nez bouché. Chez les patients contaminés par le SARS-CoV-2, le nez n’est pas bouché.

Récemment, des chercheurs sont parvenus à identifier les mécanismes qui entraînent l’anosmie. Grâce à des scanners, ils ont observé que la fente olfactive, la partie du nez responsable de la perception des odeurs, se retrouve bloquée par un gonflement des tissus mous ainsi que par du mucus, tandis que le reste du sinus des patients est normal, expliquant pourquoi le nez n’est pas bouché. Le virus utilise les récepteurs ACE2 pour se fixer sur les cellules et les infecter, or ces récepteurs ne sont pas exprimés par les neurones olfactifs. Ces récepteurs se retrouvent à la surface des cellules sustentaculaires et leur infection par le virus conduit à une inflammation dans la fente olfactive, expliquant le gonflement des tissus qui gêne les neurones olfactifs et conduit à la perte de l’odorat.

Tout seul sous une cloche de verre

Cette porte de l’odorat constitue un véritable handicap. “On découvre l'odorat quand on le perd”, confie à l'AFP Jean-Michel Maillard, président de l'association Anosmie.org. Tous les petits plaisirs de la vie liés aux odeurs disparaissent d’un coup. “Ce qui me manque le plus, c'est l'odeur de mes fils quand je les embrasse, c'est l'odeur du corps de ma femme, le parfum de mon papa. L'anosmie vous coupe des odeurs de la vie, c'est une torture”, témoigne-t-il. L’une des conséquences les plus problématiques liée à l’anosmie se situe en cuisine. Outre la perte des sensations quand on mange ou renifle les bonnes odeurs de la casserole, faire à manger devient compliqué puisque 90% de ce que nous mangeons est lié à l'odorat.

Dans le cas du coronavirus, la perte de l’odorat ne dure généralement pas dans le temps. La majorité des patients récupèrent l'odorat en seulement deux semaines. Dans d’autres cas, l’anosmie peut être beaucoup plus longue. “Quand les gens perdent l'odorat et qu'il n'y a pas de récupération, on note une véritable altération de la qualité de vie et un taux de dépression pas du tout négligeable”, note Alain Corré, ORL à l'Hôpital-Fondation Rothschild à Paris. “Être privé d'odorat pendant un mois, ce n'est pas grave. Deux mois, ça commence à être gênant. Au bout de 6 mois, vous êtes tout seul, sous une cloche de verre, relate Jean-Michel Maillard. Il y a une dimension psychologique très difficile à vivre, il faut se faire aider.” Outre la Covid-19, d’autres maladies peuvent conduire à une perte de l’odorat comme les polyposes nasales, les rhinites chroniques, le diabète, Alzheimer ou Parkinson.

De la rééducation olfactive

Pour l’instant, aucun traitement ne permet de soigner l’anosmie. “Le problème des anosmies liées au virus, c'est que souvent, le traitement de l'infection virale n'a pas d'effet sur l’odorat”, décrit le Dr Corré. Les neurones olfactifs ont une capacité de régénérescence qui fait que la plupart des individus qui ont perdu l’odorat finissent par le récupérer. Dans les hôpitaux parisiens Rothschild et Lariboisière, une étude “CovidORL” a été mise en place pour tester l'efficacité de lavages de nez avec de la cortisone (le budésonide), associés à de la rééducation olfactive, pour aider à récupérer. Alain Corré conseille ainsi : “choisissez cinq odeurs dans votre cuisine — que vous aimez bien — comme la cannelle, le thym, le laurier… Respirez-les deux fois par jour, pendant 5 à 10 minutes, en regardant ce que vous êtes en train de respirer.”

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