- La jugeant discriminatoire, les députés ont voté la suppression de la période d'abstinence imposée aux homosexuels voulant donner leur sang
- La jugeant discriminante, les députés ont voté la suppression de la période d'abstinence imposée aux homosexuels voulant donner leur sang
- L'Association Française des hémophiles (AFH) et Aides rappellent que cette mesure visait avant tout à protéger les receveurs
- Les données scientifiques démontrent que la prévalence du sida est 200 fois plus élevée chez les hommes homosexuels
Depuis juillet 2016, les hommes homosexuels devaient observer une période d'abstinence sexuelle de 4 mois (et non plus de 12) avant de pouvoir donner leur sang. Mercredi, les députés ont finalement voté la suppression de ce délai, estimant que “les critères de sélection du donneur ne peuvent être fondés sur le sexe du ou des partenaires avec lesquels il aurait entretenu des relations sexuelles”. Or, cet amendement, réclamé depuis longtemps par les associations LGBT, suscite finalement l'inquiétude de l'Association française des hémophiles (AFH) et Aides, qui rappellent que cette mesure visait avant tout à protéger les receveurs, rapporte Le Figaro.
Les hommes homosexuels plus à risque
En effet, une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS), parue dans The Lancet en 2010 a démontré que la prévalence du sida était 200 fois plus élevée chez les hommes homosexuels, que chez ceux hétérosexuels. “Quarante pour cent des personnes qui découvrent, chaque année en France, leur infection au VIH, sont des hommes homosexuels, explique au Figaro Marc Dixneuf, directeur général d'Aides. Ce qui nous étonne, c'est que cette dimension épidémiologique du VIH est souvent absente des discussions chez les gens qui parlent de discrimination.”
Pourtant, rappelle Nicolas Giraud, président de l'Association française des hémophiles (AFH), le surrisque ne concerne pas uniquement les hommes homosexuels, mais aussi les personnes ayant séjourné en Angleterre entre 1980 et 1990, ayant reçu une transfusion sanguine ou encore, pesant un certain poids. “C'est pour garantir la sécurité maximale des receveurs, dans des situations extrêmement fragiles”, que le délai de 4 mois avait été imposé. En outre, il ne s'agissait pas de discriminer les hommes homosexuels, mais plutôt de protéger les receveurs. La nuance est importante.
“Cette sécurité n'est pas négociable, que ce soit pour notre communauté d'hémophiles ou pour une femme qui va recevoir une transfusion sanguine après une hémorragie post partum, et qui sortirait avec une maladie !”, fait-il valoir. Bien entendu, il y a une différence entre un hétérosexuel multipartenaires et “un homosexuel qui a peu ou jamais de relations sexuelles, mais pour la dynamique d'une épidémie, on ne raisonne pas au niveau individuel.”
La réglementation pour donner son sang
En pratique, pour donner son sang, il faut être âgé de 18 à 70 ans, peser plus de 50 kg et être reconnu apte lors de l'entretien qui précède le don. Après 60 ans, le premier don est soumis à l'appréciation d'un médecin de l'EFS. Plus précisément, les hommes peuvent donner leur sang jusqu'à 6 fois par an et les femmes jusqu'à 4 fois, mais il faut respecter un délai de 8 semaines minimum entre deux dons. Des contre-indications liées à des actes de soin, un état de santé, des pratiques personnelles, sexuelles, des séjours à l'étranger ou la prise de certains médicaments et antibiotiques sont à répertoriées sur le site de l'EFS.
Si un volontaire a des antécédents de paludisme, a subi une opération chirurgicale dans les 4 derniers mois, est porteur d'une infection du sang (VIH, hépatites virales…) vient de se faire tatouer, a voyagé dans une région où peuvent sévir des maladies tropicales dans les 4 derniers mois, ou encore a eu des relations sexuelles pour de l'argent ou de la drogue durant les 12 derniers mois, il ne pourra pas donner son sang. Ceci pour garantir la sécurité des donneurs et des receveurs.