C’est un véritable mystère médical. Le syndrome de résignation, récemment mis en lumière dans le New Yorker par la journaliste Rachel Aviv, n’existe qu’en Suède et uniquement chez les enfants de réfugiés. Lorsque leur demande d’asile ne leur est pas accordée ou en attente, ils sombrent dans le coma.
Il voulait simplement fermer les yeux
Georgi, fils d’immigrés russes, s’est ainsi senti partir dans un état léthargique après avoir lu une lettre de refus du bureau d’asile à ses parents. “Il dit que son corps a commencé à se liquéfier, que ses membres sont devenus mous et poreux. Il voulait simplement fermer les yeux. Même avaler sa salive lui demandait un effort qu’il n’était pas sûr de pouvoir faire. Il a senti une pression importante à l’intérieur de sa tête et de ses oreilles. Le matin, il a refusé de sortir de son lit et de se nourrir. Son frère Savl a essayé de lui faire ingérer du Coca à la petite cuillère, mais le soda a coulé sur son menton”, raconte la journaliste du New Yorker. Georgi est finalement sorti de son apathie après plus de neuf mois de coma, quelques semaines après l’obtention d’un visa permanent par ses parents.
“L’opinion de la communauté médicale, c’est que cette maladie est une réaction à deux traumatismes : le harcèlement dans le pays de naissance de l’enfant, et l’effroi, après s’être acclimaté à la Suède, de devoir rentrer”, résume Rachel Aviv. “Selon un document publié par le Swedish Board of Health and Welfare, le patient ne recouvrera la santé qu’en recevant une autorisation de résidence permanente en Suède”, note la journaliste.
Plus de 400 enfants ont sombré dans le coma
Les jeunes touchés par le syndrome de résignation ont généralement entre 8 et 15 ans, et sont issus pour la plupart des communautés Roms ou Ouighours. Plus de 400 enfants ont sombré dans le coma entre 2000 et 2005.
Longtemps considéré comme une maladie imaginaire, le syndrome de résignation est désormais reconnu par la communauté scientifique. “Ce qui a été observé chez ces enfants, c'est l'immobilité, la stupeur, le corps mou, le corps ne réagit pas à la douleur, il ne réagit pas aux stimuli, beaucoup arrêtent de manger”, soutient le psychiatre Arash Javanbakht.