- L'étude menée pendant 18 mois sur 990 patients a révélé une baisse significative de 21 % du risque de survenue de la première hospitalisation pour insuffisance cardiaque et une amélioration de la qualité de vie
- Une autre étude sur les bienfaits de la télésurveillance, lancée par l'Assurance maladie, est en cours et les résultats préliminaires sont encourageants
La bonne prise en charge des personnes atteintes de maladies du cœur est essentielle pour prévenir de la survenue d’accidents pouvant être fatals. Les cardiologues ont partagé leurs inquiétudes sur une possible recrudescence des cas de maladies cardiaques après le confinement, faute d’un bon suivi pendant les deux mois de confinement. L’étude clinique Osicat coordonnée depuis l’hôpital de Rangueil de Toulouse, a montré que cela peut être évité grâce à la télésurveillance qui offre la possibilité d’un suivi quotidien des patients présentant des signes d’insuffisances cardiaques. Les résultats ont été publiés dans la revue European Journal of Heart Failure.
La télésurveillance anticipe mes hospitalisations et réduit les risques de rechute
Entre mai 2013 et décembre 2017, l’étude Osicat a comparé, sur 18 mois, une prise en charge classique d’insuffisance cardiaque et un programme de télésurveillance. Ce programme, conçu par la société Air Liquide Healthcare, a fonctionné autour de deux outils : une balance pour la surveillance du poids et une tablette pour répondre à huit questions quotidiennes d’observation par le patient de son état de santé (fatigue, toux, œdèmes, palpitations, troubles respiratoires nocturnes, etc.). En fonction des résultats, une alerte peut être transmise aux infirmières d’une plateforme de surveillance et le patient doit alors prendre contact avec son médecin. Au total, ce sont 990 patients de 38 centres en France qui ont été suivis.
Les résultats de l’étude sont plus que positifs, puisque le suivi des patients par télésurveillance a permis d’anticiper les hospitalisations et de réduire les risques de rechute. “Parmi les résultats, on note une baisse significative de 21 % du risque de survenue de la première hospitalisation pour insuffisance cardiaque et une amélioration de la qualité de vie (patients plus rassurés, plus motivés pour suivre leur traitement), c’est très constructif. L’étude suggère également que cette télésurveillance est plus bénéfique chez les personnes les plus sévèrement touchées, les plus isolées socialement et, bien sûr, chez celles qui adhèrent à cette prise en charge. Ces conclusions permettront de mieux cibler les patients”, lance Michel Galinier, cardiologue responsable du centre de prise en charge des patients insuffisants cardiaques (CEPIC) du CHU de Toulouse.
Une autre étude en cours
Une autre étude est en cours sur la télésurveillance et présente, elle aussi, de bons résultats préliminaires. Nommé “Étapes”, le programme lancé par l’Assurance maladie suit 207 patients dans le service du cardiologue Michel Galinier. “Les outils sont les mêmes mais le référent devient le cardiologue, précise-t-il. Le patient vient en consultation lorsqu’une alerte remonte. La télésurveillance médicale représente un gain de temps lorsqu’il y a des décompensations cardiaques. Pour l’instant, il n’y a pas d’étude comparative, mais je constate une diminution du nombre d’hospitalisations et surtout de passages aux urgences. Normalement, à six mois, le chiffre est de 30 % d’hospitalisations, là il est de 16 %. Les infirmières font un pré-tri et arrivent à détecter les fausses alertes. Je pense qu’après la période Covid, on ne reviendra pas en arrière sur l’importance de ce suivi à distance dans les maladies chroniques comme l’insuffisance cardiaque.”