Le programme gouvernemental “Ma santé 2022” en avait déjà fait sa priorité, mais l’épidémie de coronavirus a accéléré le déploiement de la téléconsultation en pharmacie. “Le rôle central du pharmacien d’officine dans le dispositif décrit par le gouvernement ne fait pour nous aucun doute. Il s’inscrit comme le pivot central du soin de proximité. À travers la téléconsultation, il permet d’intégrer à l’équation de l’accès aux soins les populations vulnérables ou moins aguerries aux nouvelles technologies. Et ce partout en France, dans la mesure où les officines ne sont pas concernées par les déserts médicaux", indique Arnault Billy, directeur général de Maiia*.
Dispositifs médicaux connectés via USB
Concrètement, le pharmacien met à disposition du patient un plateau technique comprenant un ordinateur connecté à Internet, muni d’une webcam, d’un micro et de dispositifs médicaux connectés via USB (stéthoscope, otoscope et tensiomètre, oxymètre). “L'idée n'est bien sûr pas de faire concurrence aux médecins, mais d'être présent sur les déserts médicaux", explique Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO).
La téléconsultation peut se dérouler avec le pharmacien, à la discrétion du médecin. Ce dernier peut notamment l’assister lors de l’utilisation des instruments connectés. “L'équipement des officines est primordial pour que la consultation se déroule dans de bonnes conditions", ajoute Gilles Bonnefond.
Après la téléconsultation, le patient est débité sur son compte bancaire puis remboursé selon les mêmes modalités qu’en consultation classique. Il a alors la possibilité de transmettre l’éventuelle ordonnance dématérialisée — 74% des téléconsultations font l’objet d’une prescription — à son pharmacien et repartir ainsi avec son traitement.
Besoin d’être accompagné
Si la téléconsultation fait désormais partie du quotidien de près d’un Français sur trois, nombreux sont ceux à ne pas encore l’utiliser, et ce pour différentes raisons** :
- leur médecin traitant ne l’utilise pas ;
- une méconnaissance de la pratique ;
- une préférence pour les consultations physiques ;
- un besoin d’être accompagné. Les personnes retraitées ne représentent que 10% des téléconsultations, faute de maitrise informatique.
“La téléconsultation en pharmacie peut aussi être très utile pour les patients souffrant de pathologies chroniques ou suivant un traitement compliqué à prendre, tels que les anti-cancéreux oraux par exemple, complète Gilles Bonnefond. Cela évite aussi de déplacer les patients fatigués, et à les mettre en contact avec les hôpitaux lorsqu'ils sont éloignés du domicile.”
* 1 600 officines se sont d'ores et déjà équipées du dispositif Maiia.
** Source : étude CSA réalisée en 2020.