- Une étude menée au Danemark sur 685 trios parents-enfants montre que les enfants dont les mères souffrent d'asthme ou d'allergie sont plus à risque de développer ces maladies chroniques, en particulier durant leur petite enfance.
- Selon les chercheurs, cette sensibilisation allergique et de l'asthme n'est pas liée à des facteurs génétiques, mais à la grossesse.
Les enfants dont les parents souffrent d’allergie et/ou d’asthme sont-ils plus à risque de développer ces pathologies ? C’est en tout cas la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’université de Copenhague (Danemark). Dans une étude publiée dans la revue Clinical & Experimental Allergy, ils démontrent que, par rapport aux traits du père liés aux allergies et à l’asthme, les traits de la mère créent un risque plus élevé que l’enfant développe une allergie et/ou de l’asthme durant sa petite enfance. Selon eux, cela suggère que les facteurs non génétiques liés aux mères, et notamment la grossesse, peuvent conférer un risque supplémentaire d'allergies et d'asthme aux enfants.
Une étude à large cohorte
Touchant environ 10% des enfants, l’asthme est une maladie respiratoire chronique qui se caractérise par une inflammation de la muqueuse des bronches. Cette inflammation se traduit alors par une hyperréactivité de leur paroi musculaire, qui se manifeste le plus souvent par une respiration sifflante, une gêne respiratoire, un essoufflement ou bien par une toux. Ces signes surviennent par crises aiguës, plus volontiers la nuit, et les premières manifestations surviennent le plus souvent chez l’enfant.
Pour comprendre les effets spécifiques des parents sur le risque de développer une sensibilisation allergique et de l'asthme pendant l'enfance, les chercheurs ont sélectionné 685 trios parents-enfants faisant partie de la cohorte des Copenhagen Prospective Studies on Asthma in Childhood 2010 (COPSAC2010). L'asthme des parents a été évalué par des entretiens et l'asthme de l'enfant a été diagnostiqué de manière prospective lors de visites régulières en clinique jusqu'à l'âge de 6 ans.
Les niveaux d’immunoglobulines E (igE) spécifiques et d'IgE totaux ont été mesurés chez les parents et les enfants à l'âge de six mois, un an et demi et 6 ans. Les IgE sont des anticorps produits par les plasmocytes suite à un contact avec un allergène. Les associations entre les caractéristiques des maladies des parents et des enfants ont ensuite été analysées à l'aide d'un modèle d'équations d'estimation générales ajusté pour l'allaitement et le tabagisme maternel au cours du troisième trimestre.
Un risque plus important lié à la mère
Il s’est alors avéré que le risque d’élévation des IgE spécifiques chez l'enfant était plus élevé chez la mère que chez le père entre 0 et 6 ans. Par ailleurs, les chercheurs ont constaté qu’un taux élevé d'IgE totale chez la mère augmente également le risque d'IgE totale élevé chez l'enfant. Des analyses individuelles de points temporels ont montré que l'effet maternel était le plus fort au début de la vie, alors que les effets parentaux étaient comparables à l'âge de 6 ans.
Ces résultats suggèrent donc que les facteurs non génétiques de la mère, et notamment durant la vie in utero, semblent conférer un risque de maladie supplémentaire à l'enfant durant sa petite enfance.
“Cette étude vient s'ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses qui lient la période de grossesse à la maladie dans la petite enfance. Nous trouvons cette découverte très intéressante, car elle contourne tous les facteurs génétiques connus ou inconnus qui pourraient ajouter à l'héritabilité de l'asthme et des allergies”, selon Hans Bisgaard, auteur principal de l'étude et professeur de pédiatrie à l'université de Copenhague.