La consommation de cannabis peut mener à des changements comportementaux, notamment à une réduction des interactions sociales chez certains individus. Pour mieux comprendre le phénomène, le chercheur Giovanni Marsicano et son équipe de l'Inserm, en collaboration avec l’équipe de Juan Bolaños de l’université de Salamanque (Espagne), ont identifié pour la première fois les mécanismes cérébraux qui sous-tendent la relation entre cannabis et diminution de la sociabilité. Leurs résultats sont publiés dans la revue Nature.
Récepteurs en forme d’étoile
Plus précisément, les scientifiques montrent qu’après une exposition au cannabis, des récepteurs localisés dans des cellules du système nerveux central s’activent. Baptisés astrocytes, ces récepteurs en forme d’étoile conduisent le consommateur de drogue à se replier sur lui-même.
“Etant donné l’importance des astrocytes et de l’utilisation de l’énergie pour le fonctionnement cérébral, nous avons voulu comprendre le rôle de ces récepteurs cannabinoïdes bien particuliers, et les conséquences sur le cerveau et sur le comportement lorsqu’ils sont exposés au cannabis", explique Giovanni Marsicano.
Pour ce faire, son équipe a exposé des souris au cannabinoïde THC, le principal composé psychoactif du cannabis. Leurs interactions sociales ont été clairement diminuées, et ce jusqu’à 24h après la prise de drogue.
Trouver des solutions thérapeutiques
“Notre étude est la première à montrer que la baisse de sociabilité parfois associée à la consommation de cannabis est la conséquence d’une altération du métabolisme du glucose dans le cerveau. Elle ouvre aussi de nouvelles pistes de recherche pour trouver des solutions thérapeutiques afin de pallier certains des problèmes comportementaux résultant d’une exposition au cannabis. En plus, elle révèle l'influence directe du métabolisme énergétique des astrocytes sur le comportement", détaille Giovanni Marsicano.
Ses travaux ouvrent ainsi de nouvelles perspectives quant à la prise en charge des patients souffrant d’une addiction au cannabis. En France, l’expérimentation du cannabis concerne 45 % des adultes de 18 à 64 ans. La consommation dans l’année s’élève à 11% (15% pour les hommes et 7% pour les femmes), cette proportion s’avérant stable dans le temps. Un usage régulier est déclaré par 3,6% de la population.