Défi de santé publique pour les années à venir, l’obésité infantile concernait en 2016 plus de 41 millions d’enfants à travers le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les enfants en surpoids et obèses risquent de le rester une fois adultes. Ils sont par ailleurs plus susceptibles de contracter des maladies non transmissibles mais chroniques, telles que le diabète et des maladies cardiovasculaires, et ce, à un âge précoce.
L’exposition aux antibiotiques pendant la petite enfance et leur utilisation par la mère durant sa grossesse ont déjà été mis en avant par différents travaux comme des facteurs favorisant l’obésité chez les enfants. Selon une nouvelle étude, menée par des chercheurs de l'université d'Oulu (Finlande), et publiée dans la revue Pediatric Obesity, il est possible de prédire la probabilité d’un enfant de développer une future obésité en analysant le microbiome de ses premières selles, appelées méconium.
Un microbiome différent suivant le risque d’obésité
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont recruté 218 nouveau-nés, dont 212 dont le méconium a été collecté à la maternité. Les familles ont par ailleurs rempli un questionnaire sur les antécédents médicaux maternels, comprenant notamment des informations sur le diabète gestationnel, ou encore la consommation d’antibiotiques pendant la grossesse.
Les enfants ont ensuite été suivis régulièrement, à un an, deux ans et trois ans, avec de nouveaux questionnaires concernant leur alimentation et leur IMC remplis par leurs parents et collecte d’échantillons de selles.
Les données recueillies ont ensuite été analysées et croisées par les chercheurs au moyen d’algorithmes. Il s’est avéré que le microbiome du méconium chez les enfants présentant un surpoids ultérieur était différent de celui des enfants ayant un poids normal, avec une présence plus élevée de phylum Bacteroidetes (29% contre 15%), et une proportion plus faible de phylum des protéobactéries.
Selon les auteurs de l’étude, ces résultats suggèrent donc que la composition du microbiome du méconium pourrait refléter l'influence maternelle sur l'enfant, “car on sait que des facteurs prénataux maternels tels que l'exposition aux antimicrobiens pendant la grossesse et l'obésité maternelle modifient la composition du microbiome du nouveau-né”. “L'obésité maternelle est associée à un risque accru que les enfants présentent un poids élevé à la naissance et développent un surpoids ou une obésité et un syndrome métabolique.” Toutefois, précisent-ils, “on ne sait toujours pas si les résultats actuels reflètent une colonisation intra-utérine ou une colonisation postnatale.”
“Le concept de microbiome fœtal est controversé et le processus de colonisation après la naissance est mieux compris que l'éventuelle colonisation fœtale ; cependant, de nombreux facteurs prénataux affectent la composition microbienne des premières selles du bébé, tels que l'utilisation d'antibiotiques par la mère pendant la grossesse et la biodiversité de l'environnement domestique pendant la grossesse, explique l’autrice principale de l’étude Katja Korpela. Il est très intéressant que le microbiome formé avant la naissance soit éventuellement lié à l'état pondéral ultérieur de l'enfant”, conclut-elle.
Pour les chercheurs, ces résultats montrent la nécessité de mieux prendre en considération les facteurs maternels et prénataux lors de l'examen de la pathogenèse de l'obésité pédiatrique.