C’est l’histoire d’un homme de 82 ans qui, grâce à une transplantation fécale par voie rectale, a guéri d’une infection et vu ses symptômes d’Alzheimer connaître des améliorations considérables. Le patient a été hospitalisé pour une infection pulmonaire récurrente à Clostridioides difficile, une bactérie qui résiste aux antibiotiques. Outre cette infection, l’octogénaire présente différents symptômes d’Alzheimer, tels que de la confusion, une perte de mémoire, de la dépression, des émotions aplaties, des difficultés sociables ainsi que pour réaliser les tâches quotidiennes.
Un essai en cours
Pour traiter le patient, les médecins ont décidé de faire une transplantation fécale par voie rectale. Les résultats ont été plus que positifs et rapportés dans le Journal of International Medical Research. L’intervention a permis au patient non seulement de guérir de son infection mais également d’améliorer significativement ses symptômes d’Alzheimer deux mois après. Des tests neurocognitifs et neuropsychiatriques ont confirmé ces améliorations et attesté d’une cognition normale. Six moi après, le patient a continué d’aller mieux et est parvenu à avoir d’encore meilleurs résultats aux tests cognitifs.
Si cette transplantation a permis de guérir le patient, aucune conclusion ne peut être faite sur l’efficacité d’une telle opération pour traiter Alzheimer. “Aucune conclusion ne peut et ne doit être tirée de ce type d'observations isolé, prévient Harry Sokol, professeur en gastro-entérologie et nutrition à l’hôpital Saint-Antoine, à Futura. Il n'y a, pour l'instant, aucune donnée solide sur l'innocuité ou l'efficacité de la transplantation fécale dans la maladie d’Alzheimer.” Pour cela, d’autres études doivent être menées. “Un essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo est actuellement en cours pour évaluer l'efficacité de la transplantation fécale dans la maladie d'Alzheimer, dont les résultats sont très attendus.”
Le lien microbiote-Alzheimer déjà étudié
En 2016, déjà, le lien entre le microbiote intestinal et les maladies neuro-dégénératives, telles qu’Alzheimer, a été mis en lumière. Ce lien se matérialise par deux protéines : l'amyloïde et l’alpha-synucléine. En injectant chez les rats des bactéries composées d’amyloïde et capable de produire de l’alpha-synucléine dans le cerveau et les intestins, les chercheurs estiment soit que la production de l’amyloïde par les bactéries du microbiote entraîne la création de cellules immunitaires et conduit à une inflammation du cerveau, soit que cela favorise l’agglutination des protéines produites par le microbiote dans les neurones. Plus récemment, une étude a avancé que les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) pourraient doubler le risque de développer une démence. Le risque serait alors six fois plus élevé, expliquant dans notre cas que le patient infecté ait, par ailleurs, développer des signes d’Alzheimer.