- Malgré la course aux essais sur les humains auxquels se livrent les laboratoires pharmaceutiques, les vaccins contre le Covid-19 risquent d'être "partiellement efficaces", estime l'épidémiologiste Arnaud Fontanet.
Il va falloir "apprendre à vivre avec le virus" et ce, sans attendre la mise sur le marché d’un vaccin.
Tel est le message qu’a souhaité faire passer l’épidémiologiste Arnaud Fontanet lors de son passage ce week-end sur BFMTV. Invité pour commenter et analyser la réapparition de nouveaux foyers épidémiques dans certains territoires, notamment la Guyane et la Mayenne, ce membre du Conseil scientifique chargé d’éclairer le gouvernement sur la gestion de la crise sanitaire, il a jugé qu’il était encore trop tôt pour espérer la mise sur le marché d’un vaccin dans les prochains mois.
"Un vaccin, c’est plusieurs années de développement", a déclaré Arnaud Fontanet. Reconnaissant qu’il y a "un effort sans précédent pour développer ce vaccin", il admet qu’il serait "très surpris si on avait en 2021 un vaccin qui soit efficace".
Un vaccin partiellement efficace
Faut-il pour autant ne pas compter sur les différentes avancées menées par les laboratoires ? Alors qu’en Chine, la compagnie pharmaceutique CanSinoBIO et un institut de recherche militaire s’apprêtent à lancer les premiers essais de leur vaccin sur des militaires, Christophe d’Enfert, directeur scientifique de l’Institut Pasteur, a confirmé fin juin qu’un vaccin mis au point par des chercheurs français allait être testé sur l’humain dès ce mois de juillet sur 90 volontaires.
Mais, pour Arnaud Fontanet, ces vaccins risquent de fonctionner de manière partielle. D’où la nécessité d’apprendre à vivre avec le virus. "On ne peut pas se permettre un reconfinement… Donc prenons les choses au sérieux", a-t-il insisté.
Selon l’épidémiologiste, il est donc indispensable, face à la réapparition du virus dans certaines régions, de veiller au respect des gestes barrière. "Cet été, respectons déjà la distance physique ! Le rassemblement de population, c’est l’ennemi numéro 1." Et de rappeler que la saison estivale est propice à la circulation accrue du virus, notamment dans les lieux publics clos. "Les 'clusters', pour beaucoup, ont démarré dans des endroits confinés : on y retrouve des bateaux de croisière, de guerre, des salles de sport, des discothèques, des abattoirs, des endroits où sont logés des travailleurs migrants, des lieux de culte…"
Éviter le relâchement
Arnaud Fontanet n’est pas le seul professionnel de santé à s’inquiéter de la résurgence de foyers épidémiques, notamment dans les lieux clos. Dans une tribune publiée dimanche 12 juillet dans Le Parisien/Aujourd’hui en France, 14 médecins ont appelé à rendre systématique et obligatoire le port du masque dans les lieux publics clos pour empêcher une possible deuxième vague.
"En France, les indicateurs sont encore au vert pour la plupart, mais des signaux faibles commencent à apparaître et doivent nous alerter sur un possible redémarrage massif des transmissions. (…) Contrairement au début de l’année, nous savons maintenant qu’une mesure de prévention efficace est le respect des gestes barrières dans les lieux clos très fréquentés. Le port du masque est ainsi une condition importante pour limiter la diffusion du virus. (…) Beaucoup d’entre nous ont relâché leurs efforts depuis quelques jours ou semaines, nous voulons leur dire et leur redire, pour éviter un nouveau confinement : #MasquésMaisEnLiberté !", écrivent-ils.