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Thérapie génique, clonage thérapeutique&

Les essais bougent dans le Parkinson

Par La rédaction

Des résultats encourageants ont été obtenus chez des souris avec des greffes de neurones issus d'un clonage thérapeutique. Et de nouveaux essais de thérapie génique s'annoncent chez l'homme.

C'est la semaine des bonnes nouvelles du côté de la recherche sur la maladie de Parkinson. Le 27 mars 2008, la firme américaine de biotechnologies Neurologix a annoncé qu'elle avait obtenu l'accord de la Food and Drug Administration pour l'essai de phase II d'une thérapie génique chez 44 patients à un stade avancé de la maladie de Parkinson.

Menée chez une dizaine de malades, l'étude de phase I avait été publiée en octobre 2007 dans The Lancet. Le gène GAD (décarboxylase de l'acide glutamique), injecté au niveau du noyau subthalamique via un vecteur viral, n'avait pas entraîné de réactions de rejet. Et une légère amélioration des symptômes avait été constatée chez certains patients.
Parallèlement à cette piste de thérapie génique, ce sont les résultats prometteurs de greffes de neurones obtenus par clonage thérapeutique qui retiennent l'attention des chercheurs. Réalisés chez des souris, les travaux conduits par Lorenz Studler (Sloan-Kettering Institute, New York) et Teruhiko Wakayama (un pape japonais du clonage des rongeurs), ont été publiés dans Nature Medicine le 23 mars.

Un potentiel thérapeutique considérable

Les chercheurs ont prélevé un morceau de queue à des souris rendues parkinsoniennes par des injections intracérébrales. Les noyaux de ces cellules caudales ont ensuite été transférés dans des ovocytes énucléés, puis mis en culture afin d'obtenir des embryons à un stade précoce. Au total, 187 lignées de cellules souches embryonnaires (CSE), cellules à tout faire, ont été ainsi créées par transfert nucléaire, à partir de 24 souris. Leur différenciation a été contrôlée, pour engendrer des neurones à dopamine.

Un groupe de souris a été greffé avec des neurones provenant de leur propre clone, tandis que d'autres ont reçu des neurones issus de lignées étrangères. Ces dernières n'ont pas été fructueuses, entraînant notamment des réactions inflammatoires. En revanche, les greffes de neurones génétiquement identiques ont « pris », et entraîné une amélioration significative des mouvements des rongeurs malades. « Malgré la complexité technique, avec une période moyenne de plus 10 mois entre la lésion cérébrale et la transplantation, nos données démontrent la faisabilité d'un traitement de souris parkinsoniennes par clonage thérapeutique. Ceci suggère un potentiel thérapeutique considérable pour le futur », concluent les chercheurs.

 Reste à savoir si ce protocole, déjà très lourd chez la souris, pourra être reproduit chez les primates, puis chez l'humain. La technique est en effet gourmande en ovocytes, ce qui risquerait de poser de grandes difficultés lors d'une hypothétique application clinique. Pour contourner l'obstacle de la pénurie d'ovocytes, les Anglais ont proposé la création d'embryons hybrides, faisant appel à des ovocytes d'origine animale. Le projet de loi soulève un intense débat outre-Manche.
Le recours à des cellules souches embryonnaires n'est toutefois plus la seule voie pouvant mener au clonage thérapeutique. Récemment, d'autres équipes ont démontré que des cellules souches adultes, aussi pluripotentes que des cellules embryonnaires pouvaient être obtenues à partir de « simples » fibroblastes cutanés.


Questions à Pascal Fragner,
direction scientifique I-Stem (*)

Une prouesse technique
 


Qu'apportent les résultats de cette équipe américano-japonaise sur le plan scientifique ?
Pascal Fragner. C'est une étude importante dans le sens où il n'y a pas énormément de publications sur les greffes de cellules souches embryonnaires.
Ces chercheurs ont travaillé sur un modèle de souris, qui est assez éloigné du modèle primate et encore plus du modèle humain. Ils ont fait beaucoup de transferts nucléaires, c'est-à-dire qu'ils ont créé des cellules embryonnaires en transférant le noyau d'une cellule somatique dans un ovocyte. Avec cela, ils ont pu étudier le statut immunologique de l'animal sur lequel était réalisée la greffe. C'est un gros travail, une prouesse technique. Mais dans le domaine des greffes de neurones, cela n' apporte qu'une information relativement limitée. Ces vingt dernières années, beaucoup de travaux ont déjà été publiés concernant des greffes de neurones dopaminergiques dans des modèles animaux de la maladie de Parkinson.


Quelles seront les perspectives thérapeutiques ?

P.F. La prochaine étape est de passer sur un modèle primate, et de valider l'ensemble des résultats obtenus avec des cellules souches différenciées, dans le cadre de la maladie de Parkinson et d'autres affections neurodégénératives. Il est difficile de prévoir combien de temps cela prendra. Le temps de la recherche peut être relativement long, mais j'ai bon espoir qu'à moyen terme des publications paraissent à ce propos.
Entretien avec S.C

(*) L'Institut des cellules souches pour le traitement et l'étude des maladies monogéniques (I-STEM) explore les potentiels thérapeutiques des cellules souches humaines, embryonnaires et adultes, dans des maladies rares d'origine génétique. Situé à Evry, sur le site du Genopole, I-Stem est issu d'une collaboration entre l'AFM, l'Inserm et l'université d'Evry-Val-d'Essonne.