Prescrits aux personnes ayant eu un événement cardiaque, les agents antiplaquettaires (AAP) sont des médicaments qui inhibent les fonctions plaquettaires, et en particulier l’activation et l’agrégation des plaquettes lors de l’hémostase, c’est-à-dire l’ensemble des mécanismes permettant l'arrêt de l'écoulement du sang.
Le principal effet secondaire de ces agents est qu’ils créent une thrombopathie médicamenteuse sur les plaquettes, le plus souvent irréversible. “Malheureusement, les médicaments antiplaquettaires actuels empêchent la coagulation du sang qui provoque les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, mais perturbent également la capacité des plaquettes à arrêter le saignement si un vaisseau sanguin est déchiré, explique le professeur Xiaoping Du de l’université de l’Illinois, à Chicago (Etats-Unis), auteur d’une nouvelle étude publiée dans la revue Science Translational Medicine. Dans certains cas, un saignement important peut mettre la vie en danger.”
Un traitement agissant sur le mécanisme de coagulation
Avec son équipe de recherche, le professeur de pharmacologie et de médecine régénérative a mis au point un médicament qui “empêche les caillots mais ne rend pas les gens enclins aux saignements, ce que d’autres médicaments n’ont pas réussi à faire”, explique-t-il dans un communiqué.
Dans une précédente étude, Xiaoping Du et ses collègues avaient identifié un mécanisme de signalisation important dans le processus de coagulation du sang qui n'était pas nécessaire pour faire adhérer les plaquettes à une plaie ou pour prévenir les saignements. En s'appuyant sur cette découverte, les chercheurs ont dérivé un peptide capable de cibler le mécanisme de signalisation et ont conçu une nanoparticule qui a réussi à délivrer le peptide dans les plaquettes.
Le médicament, à base de nanoparticules dérivées du peptide — appelé nanoparticules peptidiques à forte charge M3mP6, de HLPN — a ensuite été testé chez la souris comme traitement possible des crises cardiaques.
Une réduction de l’inflammation et du risque hémorragique
Administré par injection chez les souris, le médicament a permis une réduction des dommages au cœur, une diminution de la coagulation et une réduction de l’inflammation. Les chercheurs ont par ailleurs constaté une amélioration de la fonction cardiaque et une hausse des chances de survie.
Ces résultats sont particulièrement encourageants car ils limitent les lésions de reperfusion, c’est-à-dire une hémorragie due, après une crise cardiaque, à l’angioplastie combinée aux médicaments antiplaquettaires. Quand le tissu cardiaque est endommagé, “la réouverture de l’artère peut déclencher une inflammation, provoquant des fuites et des caillots dans les petits vaisseaux sanguins et endommageant davantage le cœur”, ce qui peut conduire au décès du patient. "Nous espérions que ce nouveau médicament, qui ne provoque pas de fuites dans les vaisseaux sanguins, aiderait à limiter les lésions de reperfusion et à réduire le risque d'insuffisance cardiaque et de décès, et notre hypothèse s'est avérée correcte. Nous avons vu les résultats très prometteurs de notre étude”, se félicite Xiaoping Du. De nouveaux essais vont cette fois-ci est conduits sur l’humain pour confirmer l’efficacité du traitement.