Douleurs et brûlures pulmonaires, tachycardie, fatigue intense, engourdissements, céphalées… en mai, vous étiez nombreux à nous parler de vos séquelles après avoir été infectés par la Covid-19. Deux mois plus tard, l'Académie nationale de médecine publie (enfin) la liste des séquelles engendrées par le nouveau coronavirus, reconnaissant de fait, la souffrance de centaines de personnes jusque-là dans l'incompréhension.
Dans un premier temps, l'Académie divise ces séquelles en trois catégories : celle liée à “des atteintes organiques survenues au cours de la phase aiguë” (1) regroupant les atteintes respiratoires résiduelles, les atteintes cardiaques, les atteintes rénales, les atteintes directes ou indirectes du système nerveux central et les sarcopénies. Puis, la catégorie des “troubles mal étiquetés prolongeant la convalescence ou survenant à distance” (2) et enfin, celle des “séquelles psychiques” (3).
“De nouveaux symptômes après une période de rémission”
La deuxième catégorie regroupe “des malades apparemment sortis de l’épisode aigu” qui “nécessitaient une convalescence prolongée ou se plaignaient de nouveaux symptômes après une période de rémission” (malaise général, douleurs musculaires, arthralgies, grosse fatigue, perte de mémoire, tachycardie, etc.) bien que les tests soient négatifs.
“Ces troubles sont le plus souvent épisodiques, mais ont parfois un caractère prolongé, écrivent les experts. Le traitement en est difficile, à part la prescription de paracétamol, le soutien psychologique et la correction d’une éventuelle dénutrition par un diététicien. Il est difficile de faire la part de ce qui revient aux suites de la Covid-19 ou à d’autres causes, comme c’est le cas dans le syndrome post-borréliose de la maladie de Lyme.”
Les troubles pulmonaires
Nombre de personnes nous ayant confié leur mal-être en mai dernier souffraient encore de troubles respiratoires après leur guérison. Selon l'Académie, “le poumon est l’organe le plus fréquemment atteint à la phase aiguë de la maladie et les épidémies dues à d’autres coronavirus comme le SARS-CoV et le MERS-CoV ont montré qu’une fibrose pulmonaire pouvait persister après l’infection initiale.”
Les experts rapportent également des myocardites inflammatoires, infarctus du myocarde ou encore, insuffisance ventriculaire droite et expliquent que les troubles du système nerveux central sont le “plus souvent la conséquence d’une anoxie prolongée chez les malades sous ventilation artificielle, d’accidents vasculaires cérébraux, ou d’un syndrome auto-immun comme l’encéphalomyélite aiguë disséminée qui, s’il s’accompagne de troubles périphériques et touche le diaphragme, peut aggraver les troubles respiratoires.”
Les recommandations de l'Académie
Dans la limite de ses connaissances actuelles, l'Académie de médecine préconise :
– la reprise d’une activité physique, dont la marche est la plus simple, dès que possible.
– la vigilance quant à la qualité fonctionnelle des organes les plus souvent atteints (cœur, cerveau, muscles et poumon) ;
– une surveillance de l’évolution à long terme de ces séquelles en assemblant une cohorte de patients pour une étude longitudinale de plusieurs années ;
– des mesures concernant l’organisation du travail dans les hôpitaux et les Ehpad (recrutement de personnels soignants ; augmentation des rémunérations), pour diminuer le risque de “burn out” et les tensions psychologiques liées à un travail excessif ;
– aider les parents d’enfants handicapés qui, en cas de reconfinement, auraient à remplacer les institutions d’accueil.