Le syndrome d’irradiation aiguë est une affection causée par une exposition à de fortes doses de rayonnements ionisants. Il est provoqué le plus souvent par une exposition accidentelle aux radiations, comme ce fut le cas à Hiroshima et Nagasaki en 1945, ou encore lors de l’explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986
Les rayons ionisants pénètrent dans un laps de temps très court — généralement quelques minutes — dans l’organisme mais provoquent un ensemble de symptômes potentiellement mortels, entraînant des dommages précoces et irréversibles sur la moelle osseuse, le système gastro-intestinal, tandis que les effets sur les systèmes pulmonaires, cardiovasculaires et nerveux central peuvent être retardés. Dans les cas les plus graves, la mort peut survenir en quelques jours, mais la plupart des patients décèdent dans les mois qui suivent l’exposition aux rayons.
Actuellement, il n’existe qu’un seul test, essentiel pour identifier rapidement la gravité de l’exposition et garantir aux patients les meilleurs traitements. Il s’agit un test chromosomique dicentrique, qui mesure les anomalies chromosomiques. Ce dernier nécessite cependant trois à quatre jours pour obtenir des résultats. Toutefois, cela pourrait bientôt changer.
Un test rapide et précis
Selon de nouveaux travaux menés par des chercheurs de l’université de l'Etat de l'Ohio (Etats-Unis) et publiés dans Science Translational Medicine, un nouveau test sanguin pour mesurer l’exposition aux rayonnements ionisants est à l’étude.
“Ce nouveau test utilise une seule goutte de sang — prélevée par une simple piqûre du doigt — et les résultats sont prêts en quelques heures. Il est rapide, évolutif et peut servir d'outil de diagnostic de type ‘point of care’ pour une évaluation en temps réel afin de dépister un grand nombre d'individus en peu de temps”, explique le professeur Naduparambil K. Jacob, qui a participé à l’étude.
Comment fonctionne ce nouveau test ? Celui-ci permet la comparaison de l’expression de deux petites molécules dans le sang. Appelée microARN, elles sont des biomarqueurs qui permettent de mesurer l’étendue des dommages causés par les radiations à la moelle osseuse. En cas d’exposition aux rayonnements, le microARN-150 diminue tandis que celui appelé microARN-23a ne change pas. La comparaison de ces deux mesures moléculaires permet aux scientifiques de quantifier la dose réelle de rayonnement absorbée, et donc le risque global d'exposition.
“Nous mesurons les rayonnements ionisants en gris. Les personnes qui sont exposées à deux gris doivent être identifiées et traitées, et on prévoit que si vous êtes exposé à environ quatre gris sur l'ensemble du corps, sans traitement opportun, il y a 50 % de chances de survie”, détaille le professeur Jacob.
Une aide précieuse en cas de catastrophe nucléaire
D’après les scientifiques, un tel test pourrait être d’une importance cruciale en cas de nouvelle catastrophe nucléaire pour identifier le personnel militaire et les civils à risque qui ont besoin d'un traitement immédiat. Il est également pertinent pour les patients atteints de cancer, en particulier ceux ayant subi une greffe de moelle osseuse et d'autres qui subissent une radiothérapie intense, où le surdosage comme le sous-dosage sont préoccupants.
“Certains patients développent des problèmes majeurs comme la thrombocytopénie et la neutropénie à la suite d'une radiothérapie. Nous ne pouvons pas examiner un patient et déterminer la quantité de radiations qu'il a absorbée — mais les conséquences peuvent être cumulatives. Par conséquent, le mal des rayons peut survenir des semaines ou des mois après la radiothérapie, explique Naduparambil K. Jacob. Avec des recherches supplémentaires, cette nouvelle méthode de test pourrait potentiellement aider les oncologues à mesurer — en temps réel — les radiations absorbées et à intervenir avant que le mal des rayons ne se manifeste.”