- La maladie veineuse est une maladie chronique dont on ne guérit pas
- Comme elle est évolutive, une prise en charge est indispensable pour éviter d'atteindre les stades les plus graves
"Il faut surveiller la maladie à vie". Si elle peut être considérée comme une pathologie sans gravité et même parfois comme un simple problème esthétique lié à la présence de varices sur les jambes, la maladie veineuse est à prendre au sérieux. Comme le souligne d'entrée Christelle Bougard, médecin vasculaire et phlébologue, mieux vaut être attentif face à l'apparition de tout symptôme, les premiers étant souvent une lourdeur des jambes, des impatiences ou des crampes nocturnes, puisque la maladie veineuse est une maladie dont on ne guérit pas et qui peut, si elle n'est pas prise en charge, évoluer vers des formes graves.
Une prise en charge qui se caractérise en France par un retard estimé à 7 ans entre les premiers signes de la maladie et la première consultation chez un généraliste ou un spécialiste. "Le ressenti de la maladie est très variable, explique le Dr Christelle Bougard, mais il faut consulter même si l'on n'a pas mal car la douleur n'est pas proportionnelle à l'importance de la maladie".
Le suivi médical, gage d'une vie normale
"L'insuffisance veineuse est une maladie chronique, on la dépiste lorsqu'il y a des symptômes et on la traite mais il faut revenir chaque année pour surveiller ses jambes", insiste la phlébologue en rappelant que la qualité de ce suivi médical est un gage d'une vie "normale". "Au moment où l'on a expliqué aux patients qu'il fallait se faire suivre régulièrement, pratiquer une activité physique régulière pour aider au retour veineux ou porter une contention pour la prévention, ils sont soulagés et continuent de vivre comme avant", ajoute Christelle Bougard.
Et cette nécessité d'un suivi médical de la maladie veineuse concerne toutes les tranches d'âge. Car la pathologie peut apparaître avant 20 ans, surtout en cas d'hérédité, celle-ci étant le facteur de risque majeur et concernant aussi bien les hommes que les femmes et pouvant venir à égalité du père ou de la mère. Ce poids de l'hérédité dans la maladie veineuse est très important puisqu'il fait passer le risque d'avoir des varices de 50% si l'un des deux parents en a à 90% quand les deux parents en ont. Et surtout, ce facteur de risque s'impose, contrairement à ceux sur lesquels on peut agir comme la sédentarité ou le surpoids.
Une maladie évolutive
L'autre raison de surveiller de près les signes de maladie veineuse, c'est que celle-ci est évolutive. Donc non seulement on n'en guérit pas, mais elle peut s'aggraver au fil du temps si elle n'est pas prise en charge. On distingue ainsi 7 stades de la maladie : le stade des douleurs ou lourdeurs de jambes, le stade de l'apparition des varicosités qui peuvent se traiter par injection de produits sclérosants, le stade des varices qui, malgré les traitements chirurgicaux, au laser endoveineux ou à la sclérothérapie peuvent réapparaître, le stade de l'oedème veineux caractérisé par un gonflement de la cheville et qui nécessite le port de vêtements de contention, le stade des complications cutanées, celui des ulcères veineux dont la cicatrisation est difficile et celui des complications graves, hémorragie variqueuse ou phlébite, cette dernière pouvant causer une embolie pulmonaire avec un risque vital.
"La phlébite, c'est la complication majeure des varices; lorsque la jambe devient volumineuse, rouge et douloureuse, ce sont des signes qui l'annoncent", conclut le Dr Christelle Bougard. Une façon de rappeler que la maladie veineuse est chronique, évolutive, et aussi potentiellement très grave.
Ci-dessous, l'interview du Dr Christelle Bougard, médecin vasculaire et phlébologue :