Cachet, piqûre, pommade : les médicaments peuvent prendre différentes formes. Lorsqu’ils sont sous forme de comprimés, ils sont transportés dans l’organisme puis vont se désagréger pour libérer les substances actives. “La plupart des médicaments sont absorbés par l’organisme dans les intestins, mais pour y arriver, ils doivent traverser l’estomac, un environnement très acide et rude, qui peut interférer avec les molécules actives du traitement”, explique Kelly Schultz, professeure associée de chimie et d’ingénierie biomédicale à l’université de Lehigh (États-Unis). Avec son équipe, elle a travaillé sur un gel capable de se dégrader puis de se reformer tout seul dans l’appareil digestif pour protéger les molécules. Leurs conclusions sont parues dans la publication scientifique Soft Matter.
Microrheological characterization of covalent adaptable hydrogel degradation in response to temporal pH changes that mimic the gastrointestinal tract, Nan Wu et al., @lehighche, @lehighengineers, @LehighU, https://t.co/hbUi4wSAkz pic.twitter.com/DX8YoqxSgC
— Soft Matter (@softmatter) July 16, 2020
Une réplique des intestins
L'hydrogel est un matériau utilisé dans plusieurs domaines scientifiques. Des chercheurs y ont déjà eu recours pour soigner des plaies, mais aussi pour remplacer le cartilage afin de soigner l'arthrose. Des essais sur la contraception masculine ont aussi impliqué cette substance.
Cette nouvelle étude a été réalisée grâce à une modélisation : un environnement similaire, en termes de pH, à l’intestin a été créé, pour tester le comportement du matériau dans des conditions proches de celles de la digestion. Pendant des jours, les chercheurs ont analysé le comportement des particules de l’hydrogel. Le matériau mis au point relâche les molécules dans le tube digestif, puis, se reconstitue tout seul autour d'elles ensuite. Cela permet de les protéger et de garantir leur action.
Des résultats surprenants
Pour Kelly Schultz, sa capacité à se reformer est “surprenante”. “Normalement, les gels ne vont pas se dégrader puis se reformer sans aucun stimuli”, précise la scientifique. Avec son équipe, elle poursuivra ses recherches pour mieux comprendre comment les molécules sont libérées dans l’organisme, et tenter d’autres expérimentations avec des composés différents. “Nous essayons de trouver de nouvelles méthodes pour répliquer ce qu’il se passe dans l’intestin d’un animal ou d’un humain afin de collecter des informations importantes pour des études ultérieures”, souligne-t-elle.