- Les horaires de sommeil des personnes atteintes d'apnée du sommeil ont été complètement modifiées alors que le “sommeil aime avant tout la régularité”.
- Seuls 15,2% des interrogés ont estimé avoir reçu suffisamment d'informations pendant le confinement.
- La quasi-totalité des patients ont poursuivi leur traitement.
Les deux mois de confinement, de mars à mai, ont bouleversé les habitudes des Français. Si nos rêves nous ont permis de mieux gérer nos émotions pendant cette période inédite, les troubles du sommeil ont été en hausse. Pourtant, le sommeil est essentiel pour notre santé puisque “le système immunitaire est meilleur lorsque l'on dort bien, puis on est plus calme, plus joyeux, plus dynamique”, a énuméré Benjamin Lubszynski, psychothérapeute et auteur du livre Bien dormir ça s’apprend !, à Pourquoi docteur.
Peu d’informations
L’Alliance apnées du sommeil, en partenariat avec le CHU de Grenoble, a mené une large étude auprès de 14 000 personnes souffrant d’apnées du sommeil, entre le 27 avril et le 17 mai dernier. Parmi les participants, 3,3% ont été infectés par le coronavirus, dont 8,7% des cas ont nécessité une hospitalisation, mais cela ne semble pas avoir eu d’effet significatif sur leur sommeil.
Le confinement a bouleversé les repères chronobiologiques des patients. Ainsi, près de 70% des participants à l’enquête ont décrit avoir modifié leurs horaires de sommeil et près d’un quart ont estimé avoir modifié leurs habitudes alimentaires. Une modification qui a attiré l’œil des chercheurs “car le sommeil aime avant tout la régularité”, rappelle Marc Sapène, pneumologue et président d’Alliance apnées du sommeil. En outre, les interrogés ont estimé avoir reçu trop peu de suivi pendant le confinement puisque seulement 15,2% d’entre eux ont exprimé avoir eu suffisamment d’informations. “Les patients auraient ainsi voulu recevoir davantage d’information sur l’usage du traitement en période de crise sanitaire, un besoin de formation à des techniques pour mieux gérer le stress et l’anxiété liés à la pandémie, ou pour faciliter l’endormissement”, note l’enquête.
Un suivi de traitement presque parfait
L’étude révèle que malgré le confinement, les malades ont eu un suivi quasi parfait de la PPC (pression positive continue) qui est le traitement de référence du syndrome d’apnées du sommeil. Ce sont 96% des participants qui ont déclaré avoir poursuivi leur traitement et 86% n’ont pas modifié la durée d’utilisation. “Cette étude prouve que les machines à pression positive continue sont de mieux en mieux tolérées. Il y a eu une bonne responsabilisation des patients qui ont continué leur traitement”, note Jean-Louis Pépin, chercheur au CHU de Grenoble.
L’apnée du sommeil est une maladie chronique qui touche environ 6% de la population française mais dont une partie seulement se fait traiter puisqu’environ 7 personnes sur 10 ignorent qu’elles font de l’apnée du sommeil. Cette maladie se caractérise par des nuits rythmées par des arrêts respiratoires de plus de 10 secondes qui se répètent au moins cinq fois par heure. La qualité de vie des personnes qui en souffrent est directement mise à mal et l’apnée du sommeil est un facteur de risque accru d’accident vasculaire cérébral, d’obésité, de diabète ou encore de dépression.