Savourer ses vacances sans pour autant oublier sa pathologie, difficile équation pour les millions de Français allergiques. Selon l'Inserm entre 25 et 30% de la population souffrent de cette maladie. Alors pour déjouer les pièges de l'été, la docteure Sophie Silcret-Grieu a donné de nombreux conseils lors d'un webinaire pour l'association Asthme et allergies.
Pour la médecin, le premier conseil est de ne pas arrêter son traitement, y compris durant les vacances. “Bien sûr, ce sont les vacances on en a un peu marre. Dans certains cas, il est vrai que l’on recommande ou autorise à suspendre le traitement de fond dans certains cas pendant les vacances, reconnaît-elle. Néanmoins, il faut voir ça avec le médecin qui vous suit car certains traitements de fond peuvent être arrêtés, et d’autres non."
Préparation au départ
La docteure Silcret-Grieu recommande de prêter attention à la destination de vacances. Elle rappelle que les pollens n'arrivent pas forcément au même moment de l'année selon le climat. Ainsi, si les pollens de graminée terminent leur éclosion en juillet, ils demeurent actifs en montagne au mois d'août. La meilleure façon de prévoir ces éruptions de pollen est de consulter la carte en ligne du réseau national de surveillance aérobiologique.
Elle enjoint également à s'intéresser aux conditions de voyage. “Posez des questions sur les conditions d'hébergement : y a-t-il de la moquette ? Quelle literie utilisent-ils ? Les animaux sont-ils autorisés et/ou présent ? propose-t-elle. Si vous souffrez d'allergie aux acariens, on vous recommande de prendre avec vous des housses de matelas et d'oreiller anti-acariens, à défaut de prendre votre propre matelas avec vous.”
Les conditions du voyage doivent aussi être scrutées. Si l'air climatisé peut provoquer des crises d'asthme en raison de l'air froid et sec plus susceptible de provoquer des irritations, d'autres facteurs ne sont pas à négliger. “Intéressez-vous aussi au repas que vous allez prendre. Il existe une réglementation qui oblige les professionnels de la restauration à afficher les allergènes de chaque repas, même si ce n’est pas toujours bien respecté, concède-t-elle. Plus vous serez nombreux à demander cet étiquetage, plus il sera respecté.”
L'aide du médecin
Tout départ anticipé devrait bien se dérouler, et le meilleur allié du patient demeure son médecin. “On est là pour vous aider, pas seulement pour donner des médicaments! On est aussi présent pour réfléchir à la meilleure façon de poursuivre le traitement lors de vos vacances et éviter les crises. Toutefois, évitez de nous solliciter dans l'urgence”, prévient-elle. Outre vous informer sur les risques d'allergies selon votre destination de vacances, les médecins peuvent également traduire les ordonnances en dénomination commune internationale (DCI). Cette DCI permet de nommer le principe actif plutôt que la dénomination commerciale propre à chaque pays. Pratique pour partir à l'étranger.
De même, le médecin peut indiquer sur l'ordonnance la vente du médicament supérieure à un mois, évitant ainsi au patient de se retrouver à court lors d'un long séjour à l'étranger. Si les vacances incluent un déplacement en avion, il peut aussi fournir une “carte d'information”, un document qui justifie la possession de médicaments en cabine, notamment sous sa forme injectable. Cela permet ainsi de garder toujours sur soi sa trousse d'urgence.
Pour finir, la docteure Sophie Silcret-Grieu recommande également de se rapprocher d'une association de patients qui vous donnera des informations complémentaires. “Ayez avec vous vos médicaments, votre ordonnance, votre carte d'allergique et, si besoin, un lexique ‘anaphylaxie en voyage’ qui permet de poser des questions en plusieurs langues sur les allergies, suggère-t-elle. Demandez-le à votre médecin ou à l'association.”
- n° vert d'association 'Asthme et allergies' pour toute question : 0 800 19 20 21 (appel gratuit). Du lundi au jeudi de 9h à 13h et 14h à 18h, et le vendredi de 9h à 12h.