L'écoute de soi avant tout. C'est ce que recommande le psychothérapeute Benjamin Lubszynski pour choisir son mode de vacances. Ainsi, s'il convient de ne pas s'obliger à partir avec sa famille, se rassembler avec ses proches peut présenter nombre d'intérêts, comme le rapprochement avec chacun des membres et la découverte des autres. Les clés : composer avec des moments de partage et des temps de liberté, organiser des activités ensemble et faire le point une fois les vacances terminées.
Comment bien gérer les relations pendant les vacances en famille ?
Ce qui est bien, c'est d'avoir des temps de ralliement. Cela peut être pendant le repas du soir ou celui du midi, ou lors d'une visite, par exemple. Puis, cela dépend de la situation de chacun et de l'âge des enfants, mais si l'on force des adolescents à faire tout ce que l'on fait, ils seront mécontents, et tout le monde passera de mauvaises vacances. L'idée est de partager des moments en famille et, le reste du temps, d'avoir des vrais temps de liberté pour éviter une forme de résistance de la part de chacun. Pourquoi opposer le temps collectif et celui de liberté ?
Je pense que c'est le bon repère à avoir pour éviter les disputes. Il y a une chose qu'il faut vraiment identifier dans les relations familiales : certains comportements s'auto-nourrissent. Plus on force son enfant à se lever à 9 heures, plus il arrivera en retard car il ressentira trop de pression, pensera que l'on ne comprend rien à rien… Plus on sera strict, plus il va désobéir. Il faut se retirer de certains combats et trouver des activités en dehors des zones de conflit.
Pourquoi faire des activités en famille est-il particulièrement important pendant les vacances ?
Les parents font très rarement des activités seuls à seuls avec leurs enfants : c'est dommage, car c'est l'occasion de créer des liens avec eux, en dehors des zones de combat. Cela évite que les enfants ne perçoivent leurs parents comme le seul bloc 'papa et maman'. Les vacances peuvent être l'occasion de faire des activités sympathiques, dans lesquelles il y a un vrai partage.
Pour les parents, c'est le moment de faire un pas vers leurs enfants et de trouver quelque chose qui leur plait vraiment, à charge de revanche. On peut prendre le temps de connaître ses enfants, ce que l'on n'a pas forcément l'habitude de faire dans la vie de tous les jours.
Quels sont les avantages de partir en famille ?
La plupart des personnes ont une peur panique à l'idée de partir seules en vacances : beaucoup de célibataires ne le font pas ou moins car, pour eux, il leur faut au moins faut un ami pour partir. À mon sens, il s'agit d'une peur assez fondamentale. Donc je pense qu'il y a un côté protecteur dans le fait de partir avec sa famille : on emporte un peu de chez soi, on n'est pas seul. Je ne dis pas que c'est une bonne ou une mauvaise chose, mais le fait est que c'est mieux que de ne pas partir. Par ailleurs, c'est économique : quand on est plusieurs dans un même endroit, on rentabilise.
L'autre point positif et que cela peut être l'occasion de vivre de nouvelles choses, de se connaître en famille en dehors des situations contraignantes, à des moments où la gestion du portefeuille est moins importante, où l'on ne doit pas tout le temps être à l'heure pour tout. Pour citer le personnage principal du film Alexandre le Bienheureux, 'Il faut prendre le temps de prendre son temps'. Ce rapport au temps permet de véritablement rencontrer sa famille ; je pense que c'est important, d'autant que cela crée une situation de sécurité.
Y a-t-il un enjeu particulier ?
Pour beaucoup, le temps en famille est essentiel ; c'est un temps de construction. Pendant très longtemps, partir en vacances ne voulait pas dire partir en famille ; on voyait seulement ses parents pour les fêtes et les évènements marquants de l'année. Cela permet donc d'avoir plus de temps avec les gens que l'on aime – quand on les aime. Puis, pour le couple, c'est souvent un moment de rapprochement : c'est pour cela que les pics de natalité surviennent 9 mois après les vacances d'été.
D'un côté, c'est un peu triste : cela montre que l'on n'arrive pas à apporter de cette douceur dans sa vie personnelle. À la fin des vacances, il faudrait se demander ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas marché. Puis s'interroger : 'Quels sont les éléments positifs que j'ai envie d'apporter dans ma vie quotidienne ?'. Il faut garder ceux qui marchent dans les relations avec ses proches : il y a beaucoup de familles qui ont des traditions en vacances, mais pas le restant de l'année.
Malgré les avantages, quels sont les inconvénients des vacances en famille ?
Les vacances sont avant tout synonymes de retrouvailles. Mais, l'inconvénient, c'est que ce n'est pas parce qu'il s'agit de sa famille qu'on la supporte : si on vit mal le fait d'être avec ses parents, sa sœur, son frère, ou encore ses cousins, pourquoi se martyriser ? Déjà que, quand on part, où que l'on aille, on s'emporte toujours soi-même. Si en plus on emmène sa famille, est-ce qu'on ne reproduit pas la même vie dans un autre paysage, finalement ?
Deux éléments peuvent être écrasants. D'une part, on définit sa manière d'être et ses besoins en fonction du groupe. Ainsi, on se retrouve à faire ce qu'il veut que l'on fasse, plutôt qu'à écouter ses envies. C'est ce qui est très ennuyeux avec la famille : elle veut toujours nous faire jouer le même rôle, nous faire porter le même masque. Cela peut être pesant, d'autant que l'un des intérêts des vacances est de pouvoir être soi et de ne pas avoir à tenir le même rôle que d'habitude.
Par ailleurs, partir en famille peut donner lieu à une logistique excessivement lourde. On parle beaucoup de la charge mentale et de la charge émotionnelle : quand on est une femme et que l'on organise tout pour toute la famille, en préparant des vrais repas trois fois par jour, en faisant en sorte que tout se passe bien, finalement ce sont des vacances pour tout le monde sauf l'organisateur. Dans les familles, le logisticien est celui qui n'a pas de vacances ; souvent, c'est le – enfin, ‘la' – même. A-t-on vraiment envie de partir en vacances pour se mettre au service des autres, ou a-t-on aussi le droit au repos ?