Pour que notre cerveau et les près de 100 milliards de neurones qui le composent fonctionnent correctement, son approvisionnement en oxygène et en nutriments grâce aux vaisseaux sanguins est indispensable à chaque instant. Les artères cérébrales sont donc organisées en réseau et interconnectées pour pouvoir continuer à approvisionner la zone cérébrale en sang même si l’une des artères venait à se boucher ou être endommagée.
Une étude, publiée récemment dans la revue Plos Biology montre un lien entre ce réseau, baptisé le polygone de Willis et l’apparition de migraines. Grâce à des techniques d’IRM, des chercheurs de l’université de Pennsylvanie ont en effet montré que la structure de ce réseau était souvent endommagée chez les personnes sujettes aux migraines et particulièrement lorsqu’il s’agit de migraines avec aura, c’est à dire lorsque les maux de tête s’accompagnent d’autres phénomènes sensoriels désagréables comme une grande sensibilité à la lumière ou des hallucinations visuelles comme des points scintillants ou des lignes lumineuses apparaissant dans le champ de vision. Selon les observations de ces chercheurs, le polygone de Willis était incomplet pour 73 % des migraineux avec aura et 67 % des migraineux, contre 51 % des individus sans migraines.
Or ces malformations provoquent des différences d’irrigation et de pression sanguine qui pourraient expliquer les symptômes douloureux ressentis par les migraineux. Et notamment les symptômes visuels du fait de la proximité dans le cerveau de ce réseau artériel avec le cortex visuel. Le Dr Brett Cucchiara, neurologue à l'Université de Pennsylvanie et co-auteur de l'étude va plus loin, ces résultats concernant l’irrigation cérébrale pourrait selon lui « expliquer pourquoi chez certains patients un état de déshydratation peut provoquer une migraine ». Les scientifiques espèrent que ces anomalies du polygone de Willis offriront de nouvelles perspectives de compréhension et de traitement de la migraine. Une pathologie qui touche 1 Français sur 10 et que l’Organisation mondiale de la santé a classé au 20e rang des maladies ayant un impact sur le handicap et l’altération de la qualité de vie.