Les hommes qui passent le plus de temps à regarder de la pornographie seraient plus susceptibles que les autres de souffrir de troubles de l'érection. C'est en tout cas ce qu'avancent des chercheurs dont l'étude a été présentée au congrès de l'Association européenne d'urologie, qui s'est tenu en ligne du 17 au 19 juillet. Selon eux, les gros consommateurs de porno auraient finalement du mal à passer à l'action avec un(e) partenaire.
La nature explicite du porno rend la vraie sexualité décevante
Pour cette étude, 3 267 hommes originaires de Belgique et du Danemark ont répondu à un questionnaire sur leurs expériences sexuelles, leur consommation de pornographie et leurs habitudes de masturbation. Résultat : 23% des hommes de moins de 35 ans ayant déclaré regarder du porno fréquemment avaient également tendance à souffrir de dysfonction érectile au cours de leurs rapports sexuels. Selon les chercheurs, la nature de plus en plus explicite de la pornographie peut laisser certains hommes déçus par le sexe réel.
“Dans notre enquête, seulement 65% des hommes ont estimé que les relations sexuelles avec un(e) partenaire étaient plus excitantes que de regarder du porno, rapporte Gunter De Win, l'auteur principal de l'étude. En outre, 20% ont estimé qu'ils devaient regarder du porno plus extrême pour obtenir le même niveau d'excitation qu'auparavant. Nous pensons que les problèmes de dysfonction érectile associés à la pornographie découlent de ce manque d'excitation.” Les chercheurs ne précisent pas à partir de quand la consommation pornographique est considérée comme excessive et donc susceptible d'engendrer ce genre de troubles.
L'influence des écrans sur la fonction érectile
La dysfonction érectile se caractérise par l'incapacité persistante ou récurrente à obtenir ou maintenir une érection permettant un rapport sexuel. Citée par l'Association française d'urologie (AFU), l'étude de la Massachusetts Male Ageing Study (Feldman 1994) “précise que globalement 52% des hommes âgés de 40 à 70 ans présentent une dysérection érectile, dont 37% significative. Ces chiffres sont retrouvés dans la population française (Giuliano 2002) avec 31,6% de troubles érectiles en moyenne et 66,7% après 70 ans”.
Une enquête Ifop menée en 2019 avait révélé que 6 hommes sur dix (61%) subissent au moins une fois des troubles de l'érection au cours de leur vie et évoquait l'influence des écrans : “Chez les moins de 35 ans, la proportion de victimes de troubles du désir ou de problème d’érection s’avère ainsi nettement supérieure à la moyenne (33%) chez les hommes visionnant quotidiennement des vidéos pornographiques (55%), leurs réseaux sociaux (39%), les applis d’information (41%) ou les films et séries tels qu’en offrent des services comme Netflix (38%)”.