Voir le verre à moitié plein n’est pas synonyme de plus de bonheur. Telle est la conclusion d’une longue étude, menée sur 18 ans et 1 600 volontaires, par des chercheurs britanniques des universités de Bath et de la London School of Economics and Political Science (LSE), dont les résultats ont été publiés le 6 juillet dernier dans la revue SAGE Journal. Les participants ont dû remplir régulièrement des questionnaires sur leur épanouissement personnel, passer des tests psychologiques évaluant leur degré de stress et ont été tester sur leur niveau de vie et degré de confiance en eux.
80% de la population est trop optimiste
Les résultats de l’étude ont montré que les personnes optimistes ont tendance à anticiper les bonnes nouvelles, au lieu d’avoir des attentes plus réalistes, conduisant à plus de déception. Des résultats similaires ont été observés pour les personnes pessimistes. “Les plans fondés sur des croyances inexactes font prendre de mauvaises décisions et sont voués à produire des résultats pires que si on était rationnel et réaliste, entrainant une diminution du bien-être, que ce soit pour les optimistes ou les pessimistes. Particulièrement sujettes sont les décisions sur l'emploi, l'épargne et tout choix comportant des risques”, détaille le docteur Chris Dawson, professeur à l’université de Bath et auteur principal de l’étude.
La clé se situe plutôt du côté des réalistes, très minoritaires puisque les chercheurs estiment que 80% de la population serait à classer dans la catégorie des optimistes dénués de tout réalisme. “Je pense que pour beaucoup, la recherche qui montre que l'on n'a pas à passer son temps à s'efforcer de penser positivement peut être un soulagement. On constate qu'être réaliste quant au futur et prendre de bonnes décisions fondées sur des données probantes peut apporter un sentiment de bien-être, sans avoir à s'immerger dans une positivité incessante”, avance Chris Dawson.
Les optimistes, plus vulnérables face à la Covid-19
Les chercheurs ont également cherché à observer si le caractère optimiste, pessimiste ou réaliste d’une personne influe sur la réaction face à la pandémie de coronavirus. Pour eux, les personnes optimistes sont plus enclines à se sentir surpuissante et à moins respecter les gestes barrière. “Les optimistes se sentent moins vulnérables que les autres face au virus. Ils seront moins susceptibles de prendre des mesures de précaution appropriées. En revanche, les pessimistes peuvent être tentés de ne jamais quitter la maison ou de ne plus envoyer leurs enfants à l'école. Ni l'une ni l'autre ne semble être une stratégie appropriée pour le bien-être. Les réalistes prennent des risques mesurés en fonction de la compréhension scientifique de la maladie”, résume le professeur David de Meza, co-auteur de et chercheur à la LSE.