Un peu partout dans le monde, les médecins des unités néonatales ont remarqué qu’ils géraient beaucoup moins de naissances prématurées lors des périodes de confinement.
Les premiers chercheurs à s’interroger sur ce phénomène ont d’abord été Danois et Irlandais. Comptabilisant le nombre de naissances prématurées chacune de leur côté, les deux équipes ont constaté que les cas les plus précoces et les plus dangereux avaient nettement chuté pendant leurs confinements respectifs.
Un taux d’insuffisance pondérale à la naissance anormalement bas
“De janvier à avril 2020, un taux d’insuffisance pondérale à la naissance anormalement bas de seulement 2,17 pour 1 000 naissances a été observé", rapportent les médecins irlandais dans leur article. "Les déterminants potentiels de cette tendance temporelle unique résident dans l'influence socio-environnemental du verrouillage dicté par la Covid-19. Nos conclusions, si elles sont reprises dans d'autres régions qui ont adopté des mesures similaires pour lutter contre la pandémie, montrent qu'il est possible d'évaluer ces modificateurs comportementaux et socio-environnementaux interdépendants", concluent-ils.
De leur côté, les Danois notent que le nombre de naissances extrêmement prématurées a chuté de 90% sur la même période par rapport aux cinq années précédentes.
Par ailleurs, de nombreux médecins spécialistes des naissances prématurées ont publié sur Twitter des observations allant dans le même sens. "La Covid-19 semble diminuer le nombre de nourrissons nécessitant la #Neonatal Intensive Care Unit [unité de soin néonatale, NDLR] dans notre institution. D'autres personnes voient-elles la même chose ?" demande par exemple Patrick Stephen, spécialiste en néonatologie de Nashville (États-Unis).
Diminution du stress, de la fatigue et des infections
La diminution du stress et de la fatigue provoqués par les transports et le travail, ainsi que la baisse de la pollution atmosphérique, sont les premiers facteurs avancés par les scientifiques pour expliquer la baisse du nombre de naissances prématurées pendant le confinement. Le fait que rester à la maison permette de réduire les risques de contracter des infections en général (grippe…) peut être une autre explication. Pour l’heure, il est trop tôt pour valider ces hypothèses de façon certaine.
En France, chaque année, 700 000 femmes mettent au monde un enfant. Le taux de prématurité global (naissance avant la 37e semaine d’aménorrhée) est de 7% et le taux de prématurité sévère (naissance avant la 33e semaine d’aménorrhée) est de 1,4%. Après une naissance à 26 semaines d’aménorrhée, 75% des nouveau-nés vont vivre, dont 80% n’auront pas de séquelles. Suite à une naissance à 28 semaines d’aménorrhée, les chances de vivre du bébé passent à 85% et l’espoir d’une absence de séquelles à 90%.