Vos épaules rougies et douloureuses vous ont empêché de dormir ? Vous vous maudissez d’avoir oublié d’étaler consciencieusement de la crème solaire sur toute la longueur de vos jambes hier ? C’est trop tard, vous avez un coup de soleil. Cela ne vous soulagera pas pour cette fois mais sachez que des chercheurs américains viennent de découvrir la molécule responsable de votre mal, elle s’appelle TRPV4.
Il s’agit d’un canal situé en de multiples exemplaires à la surface des cellules de l’épithélium, la couche supérieure de la peau. Une trop longue exposition au soleil et à ses UVB active ces canaux TRPV4 qui s’ouvrent et laissent pénétrer dans les cellules un courant d’ions calcium. Cet afflux de calcium à l’intérieur des cellules de l’épithélium provoque la libération d’endothéline, une molécule incriminée à la fois dans les mécanismes de douleur et de démangeaison.
Un nouvel ingrédient pour les produits solaires et après soleil
Les auteurs de cette étude publiée en ligne par la revue PNAS ont mené des tests sur des souris et sur des échantillons de peau humaine. Ils ont démontré que lorsque les canaux TRPV4 étaient génétiquement désactivés, la peau était moins rougie et non sensible au toucher. Ils ont ensuite élaboré une lotion contenant de l’alcool, du glycérol et un composé capable d’inactiver chimiquement les canaux TRPV4. Dans les cellules ainsi traitées, les canaux ne s’ouvraient pas sous l’effet des UVB et aucun flux de calcium n’était déclenché. In vivo, les chercheurs ont constaté que les souris ne manifestaient plus de douleur et leur peau ne pelait pas.
« Ces résultats font de TRPV4 une nouvelle cible pour prévenir et traiter les coups de soleil et probablement les dommages chroniques causés par le soleil comme le cancer et le vieillissement de la peau », souligne l’un des co-auteurs de l’étude, le Pr Martin Steinhoff, professeur de dermatologie à l’Université de Californie à San Francisco. « On pourrait imaginer ajouter des inhibiteurs de TRPV4 dans les crèmes solaires pour renforcer leur capacité de protection », poursuit son co-auteur le Pr Wolfgang Liedtke, professeur de neurobiologie à la faculté de médecine de l’Université Duke en Caroline du Nord. Cette découverte pourrait également soulager les personnes atteintes de psoriasis qui sont contraintes d’avoir recours à des thérapies aux ultraviolets.
Mais ces spécialistes restent toutefois prudents tant qu’ils ne sont pas en mesure de savoir quelles sont les autres conséquences pour la peau du blocage des canaux TRPV4. De plus, le mécanisme du coup de soleil est le moyen pour notre corps de nous alerter quand nous dépassons la dose d’UVB utile pour la fabrication de vitamine D et pour la régulation de l’humeur. Au delà, une sur-exposition aux UVB peut endommager l’ADN des cellules de la peau et augmenter le risque de cancer. Il pourrait donc y avoir des conséquences désastreuses à faire disparaître ce dernier avertissement douloureux.