Une nouvelle approche pour traiter tous les types d’herpès a vu le jour, amenant l’espoir de développement d’un médicament efficace. Des chercheurs de l’université de Lund (Suède) ont découvert que viser les propriétés physiques du génome du virus, plutôt que les protéines virales qui constituent la méthode traditionnelle, empêchent les gènes de quitter le virus pour infecter les cellules en pénétrant l’enveloppe protéique du virus. Leurs résultats ont été publiés le 23 juillet dans la revue PLOS Pathogens.
Une nouvelle approche visant les propriétés physiques du virus
Les infections au virus de l’herpès sont un défi majeur pour lesquelles il n’existe aucun médicament permettant d’en guérir. Ces infections durent toute la vie et alternent période de latence et de réactivation. Récemment, des chercheurs sont parvenus à expliquer ce mécanisme d’activation et de désactivation qui est fonction du degré de concentration du virus dans la structure chromatine résultant de la capacité des cellules à bloquer l’ADN viral. Si celles-ci y parviennent, l’herpès est en phase de sommeil mais si elles n’y parviennent pas, les particules virales activent leurs gènes et se répliquent pour déclencher une infection lytique et provoquer une poussée. Tous les traitements antiviraux actuels entraînent le développement rapide d'une résistance chez les patients dont le système immunitaire est affaibli et où le besoin de traitement contre l'herpès est important.
L’évolution de l’infection est déterminée par les propriétés moléculaires et physiques mais seules les propriétés moléculaires ont pour l’instant reçu l’attention des chercheurs. “Nous avons une approche nouvelle et unique pour étudier les virus en fonction de leurs propriétés physiques spécifiques, décrit Alex Evilevitch, maître de conférences à l’université de Lund et chercheur principal de l’étude. Notre découverte marque une percée dans le développement de médicaments antiviraux car elle ne cible pas des protéines virales spécifiques qui peuvent muter rapidement et provoquent le développement d'une résistance aux médicaments. Nous espérons que nos recherches contribueront à la lutte contre les infections virales qui ont jusqu'à présent été incurables.”
4 fois plus de pression que dans une bouteille de champagne
Les chercheurs ont visé à réduire la pression interne du virus de l’herpès qui contribue à l’infection des cellules. À l’intérieur du virus se trouve une enveloppe protéique concernant le génome — où la pression est élevée — parce qu’il est étroitement rempli de matériel génétique. “La pression est quatre fois plus élevée que dans une bouteille de champagne et cela permet aux virus de l'herpès d'infecter une cellule en éjectant ses gènes à grande vitesse dans le noyau de la cellule après que le virus ait pénétré dans la cellule, rapporte Alex Evilevitch. Celle-ci est alors trompée et devient une petite usine de virus qui produit de nouveaux virus qui peuvent infecter et tuer d'autres cellules du tissu, conduisant à différents états pathologiques.”
L’objectif a été d’identifier de petites molécules capables de pénétrer le virus et de désactiver la pression dans le génome du virus sans endommager la cellule. Les résultats ont montré que ce traitement a un effet antiviral largement supérieur aux traitements standards et a même empêché l’infection virale. “Les médicaments disponibles aujourd'hui pour lutter contre les infections virales sont hautement spécialisés contre les protéines virales, replace le chercheur. Si le virus mute, ce qui se produit régulièrement, ils deviennent inefficaces. Si vous réussissez à développer un traitement qui attaque les propriétés physiques d'un virus, par exemple en abaissant la pression à l'intérieur de l'enveloppe du virus de l'herpès, il devrait être possible de contrer de nombreux types différents d'infections virales au sein de la même famille de virus en utilisant le même médicament.”