La nouvelle Blossom Brush, une petite brosse conçue pour nettoyer le vagin pendant les règles, a fait bondir la gynécologue américaine Jennifer Gunter. Dans un post liké 16,5 millions de fois, elle s’indigne : “Chaque jour, il semblerait que quelqu’un propose un nouveau produit de nettoyage vaginal totalement inutile et nocif, mais commercialisé comme une avancée. Le vagin n’est pas une armoire.”
Le produit est vendu comme une brosse sans poil, qui peut être utilisée tous les jours pendant les règles, et jusqu’à trois jours après, pour éliminer les résidus de sang et les débris vaginaux. “Comme vous pouvez le voir, la brosse n’a pas de poils mais des rainures qui glissent le long des parois du vagin. Elle aide les femmes à se sentir plus fraiches et rendre leur cycle menstruel plus facile à gérer", vantent les concepteurs. Depuis, face à la polémique soulevée, le compte Instagram de Blossom Brush a été supprimé.
58% des femmes déclarent se sentir honteuses pendant leurs menstruations
Jennifer Gunter a été soutenue par la gynécologue Brooke Vandermolen, qui souligne elle aussi l’inutilité et la dangerosité du produit : “Le nettoyage ou les douches vaginales ont toujours été pointées du doigt comme étant néfastes. Les organismes présents dans le vagin se régulent avec soin pour maintenir les conditions idéales, afin de prévenir des infections et de respecter l’équilibre dans le vagin". Selon elle, “il n’y a aucune preuve que le vagin doit être nettoyé en interne. Il n’y a pas besoin d’un outil pour nettoyer physiquement le sang, et j’exhorte les femmes à éviter d’acheter des produits comme ceux-ci qui peuvent causer plus de tort que d'avantage."
De nombreux internautes critiquent aussi l’image que la Blossom Brush renvoie des règles, mises en avant comme quelque chose de sale dont les femmes devraient avoir honte. Encore aujourd’hui, 58% des femmes déclarent se sentir honteuses pendant leurs menstruations. Selon une enquête menée par l'entreprise de protections hygiéniques Thinx, 42% des femmes déclarent avoir subi des moqueries ou commentaires dégradants à ce sujet de la part d'hommes ou de membres de leur famille. Soixante-treize pour cent disent aussi cacher leurs protections intimes lorsqu'elles vont aux toilettes et 70% ont déjà demandé à une amie de marcher derrière elles pour vérifier que leurs vêtements n'étaient pas tâchés.
Faire évoluer les mentalités
“Les règles anormalement abondantes ou anarchiques touchent 20 à 30% des femmes et affectent considérablement leur qualité de vie, voire leur santé", rappelle également le service du professeur Hervé Fernandez, au CHU du Kremlin-Bicêtre (AP-HP). Il déplore pourtant : “Elles hésitent à en parler alors que des traitements existent, médicaux et chirurgicaux.”
En France, le collectif féministe çavasaigner cherche à faire évoluer les mentalités, en normalisant la représentation des règles dans l’espace public. “Le but est de prendre en photo nos taches. Que tu sois une personne menstruée ou non, tache tes fringues, tache ton sol, tache ta storie, tache ton chat, tache les murs de ta rue avec ton sang #çavasaigner”, écrit l’association sur son compte Instagram.