Envie de voile cet été ? Même si la mer vous tend les bras, des mesures de sécurité s'imposent. Le docteur Hervé Roguedas, médecin référant de la Fédération française de voile, a accepté de répondre à nos questions tout en distillant de nombreux conseils.
Quelle est la bonne chose à faire lorsqu'on débute ?
S'inscrire dans un club de voile ! Cela vous évitera de nombreux problèmes. L'échauffement sera fait avant ou pendant la préparation du matériel puis les manœuvres sur le bateau sont progressives, pas de risque de noyade puisqu'un gilet est fourni, le moniteur est formé à tout type de problèmes. Réaliser une semaine d'initiation auprès d'un club est un excellent moyen de débuter en toute sécurité, ensuite il est également possible de louer du matériel sur certaines plages. Là, la pratique reste encadrée avec une personne sur l'eau pour veiller à la sécurité de tous.
Nous veillons aussi à l'éducation solaire de nos adhérents. Pour éviter les coups de soleil nous privilégions les vêtements, lunettes, chapeau. Je ne suis, personnellement, pas favorable à la crème solaire : elle pénètre souvent la peau alors qu'elle contient souvent des perturbateurs endocriniens. C'est un problème surtout pour les enfants. Pour eux, il existe des crèmes sans perturbateurs mais composées de minéraux qui provoquent des problèmes écologiques notamment sur le corail.
Comment bien se protéger la peau ?
En portant des vêtements ! Souvent les clubs organisent deux ou trois sessions par jour : le matin, l'après-midi et en fin d'après-midi. Il faut bien s'habiller et mettre de la crème là où on ne peut pas être protégé. Nous recommandons aussi aux pratiquants de prendre avec eux des gourdes afin qu'ils puissent s'hydrater régulièrement. Après la navigation, il faut se rincer sous une douche. Certaines personnes éprouvent le besoin de s'appliquer une crème cicatrisante ou une huile, pourquoi pas s'il y a irritation.
Sur certains plans d'eau, il est possible de contracter une irritation sévère à cause de produits chimiques ou de microparticules dans l'eau, de petites algues un peu toxiques. Cela peut arriver notamment sur des plans d'eau fermés. En général, la préfecture fait des prélèvements et interdit la baignade et la navigation dans ces eaux-là. Si vous êtes au contact de cette eau polluée, demandez conseil au pharmacien ou à un médecin.
Est-il possible de se blesser ?
Oui, il ne faut pas se surestimer. On a tendance à apprécier les nouveaux supports qui sont plus fun, plus légers et donnent plus de sensations. S'ils ont l'air accessibles, ils ne le sont pas toujours, on doit alors dissuader les personnes sans activités physiques régulières le reste de l'année ou ayant des difficultés à se mouvoir sur la terre ferme.
C'est notamment le cas pour le kit-surf [planche tractée par un cerf-volant, NDLR] qui nécessite une certaine pratique physique. Il peut par exemple engendrer des chocs dans les bras ou les jambes mais aussi des coupures ou brûlures, notamment à cause des fils qui relient le harnais à l'aile. Si la personne ne maîtrise pas ses gestes ou à un problème sur l'eau, elle peut se brûler avec car la tension avec le cerf-volant les fait monter à haute température.
Toutefois, le plus problématique sont les foils [une aile sous-marine qui rehausse le support général et donne une sensation de vol, NDLR]. Mal maîtrisé il peut provoquer un arrêt brutal amplifié par une cinétique [puissance de vitesse, NDLR] forte et causer ainsi entorses ou fractures. En cas extrême, il est aussi possible de se couper avec un foil car ils sont très fins, d'où leur aisance à fendre l'eau. J'insiste bien là-dessus : ils ont un côté fantastique avec cette impression de voler si facilement sur l'eau pourtant l'usage de foil n'est pas à la portée des débutants. Pour les autres, ça vaut le coup de vous rendre dans une école de voile pour mieux cerner votre niveau.