- L'outil d'intelligence artificielle intervient dans un second temps, en complément de l’expertise du médecin.
- Le taux de réussite de l’outil utilisant l’intelligence artificielle est impressionnant. Son efficacité, notée entre 0 et 1, a été évaluée à 0,9973.
De plus en plus, l’intelligence artificielle investit le domaine médical. La dernière invention en date concerne le cancer de la prostate où un nouvel outil de dépistage, basé sur un algorithme d’intelligence artificielle, a été mis au point. Cet outil, baptisé Galen Prostate, a été développé par la société israélienne Ibex Medical Analytics, en partenariat avec une équipe de médecins anatomo-pathologistes français du réseau Medipath.
L’outil n’intervient que dans un deuxième temps…
Cet algorithme n’intervient que dans un second temps, en complément de l’expertise du médecin afin d’éviter les erreurs d’appréciation. Il analyse les lames numérisées de biopsies prostatiques et donne l’alerte lorsqu’elle identifie des différences avec le diagnostic posé par le médecin pathologiste. “L’outil d’intelligence artificielle développé avec Ibex peut nous éviter de passer à côté d’un cas, notamment pour les très petits cancers, se réjouissent les docteures Anne-Flore Albertini et Delphine Raoux à Var Matin. Mais ce qui fait son intérêt, c’est aussi qu’il peut rechercher tous les critères histo-pronostiques qui caractérisent un cancer, et qui vont permettre d’orienter la prise en charge du patient.”
Pour que cet algorithme soit efficace, une base de données de 60 000 lames de biopsies prostatiques a été réalisée par différentes institutions, en Israël et en France. “Ce qui compte avec l’intelligence artificielle, c’est la quantité de données, confirment le docteur Olivier Vire, président fondateur de Medipath, et Stéphane Rossat, directeur scientifique. Nous avons contribué à augmenter le nombre de données, pour renforcer la robustesse du logiciel et la fiabilité de son algorithme.”
… pour l’instant
L’outil a permis de détecter des cancers passés inaperçus après des examens réalisés par les médecins. Lors du congrès européen de pathologie à Nice, une étude rétrospective sur cent cas bénins, réexaminés par l’outil, a révélé 9 cas qui n’avaient pas été détectés par les médecins. “Ce sont principalement de tout petits cancers qui, s’ils sont diagnostiqués précocement, modifient la prise en charge du patient, qui va alors bénéficier d’une surveillance active”, soulignent les médecins pathologistes.
Le taux de réussite de l’outil utilisant l’intelligence artificielle est impressionnant. Son efficacité, notée entre 0 et 1, a été évaluée à 0,9973. “Il fait aussi bien que trois médecins aidés par des études complémentaires d’immunohistologie dont les résultats sont validés par un expert”, résume le directeur scientifique Stéphane Rossat. La valeur prédictive négative est de 99,52%. “Si l’IA dit non, c’est qu’il n’y a pas de cancer !”, avance-t-il. Sa valeur prédictive positive est, elle, volontairement plus basse, à 88,43%. “L’outil est calibré pour donner l’alerte au moindre doute. C’est ensuite au médecin de vérifier et de valider ou pas. Le curseur est placé pour ne rien rater, même un tout petit foyer.”
Pour l’instant, l’outil n’intervient que dans un second temps mais il pourrait très vite être utilisé en premier recours. “Actuellement, nous l’utilisons pour une deuxième lecture, décrit Delphine Raoux. L’IA intervient donc en termes de contrôle qualité mais nous nous sommes déjà posé la question de faire le contraire : utiliser l’intelligence artificielle pour faire le diagnostic, avec un contrôle du médecin pathologiste dans un deuxième temps.” L'équipe travaille déjà sur un tel projet, qu’elle juge “très prometteur”.